The Black Mugs : Ras le bol !
2 décembre 2015 - Cultures Music MusiquesNo Comment   //   2126 Views   //   N°: 71

Peu de groupes malgaches peuvent se présenter comme rattachables à la tradition psychédélique. Enfin si, il y en un… The Black Mugs. Quatuor planant dont les circonvolutions électriques ne sont pas sans rappeler les Grateful Dead et13th Floor Elevators de la grande époque. Attachez vos ceintures ! 

Dans la famille « Je fais du rock parce que la coupe est pleine », je demande les Black Mugs. Groupe autolabellisé « psyché », si tant est que cela signifie encore quelque chose dans l’abâtardissement général des genres auquel nous assistons ces dernières années ! Alors pour ceux qui croient que Simon & Garfunkel est une marque de slips à poche kangourou pour papis incontinents, on précisera vite fait que le rock psychédélique vient de très loin – 1966 -, de l’époque où les musicos allaient chercher l’inspiration dans plein de trucs un peu bizarres qui leur mettaient la cervelle à l’envers. Ne leur jetons pas la pierre, aujourd’hui, on se défonce à des trucs tout aussi dangereux, comme MTV ou le Coca Diet, et l’effet est tout aussi lamentable pour les neurones de la création, enfin ce n’est que mon avis ! 

Bref, c’est l’époque des Hendrix, des Grateful Dead, du premier Pink Floyd et des mythiques 13th Floor Elevators, groupe ultra-barré à qui l’on accorde généralement la paternité du mouvement psyché. Style longues plages de 20 minutes à s’envoyer les yeux fermés, bourrées de guitares pâteuses, de synthés hypnotiques et de tablas dans tous les sens (très importants les tablas pour les ambiances babas, « space » comme on dit aujourd’hui). Mais quoi de commun avec nos « psychés » nouvelle génération de Tana, nommément Karim (chant), Dio (guitare), Anja (basse) et Nomena (batterie) : moyenne d’âge 23 ans ? Beuh pas grand-chose, si ce n’est une certaine fascination pour cet underground transgressif des années Soixante dont on peine depuis quarante ans à ressusciter la magie. Prenez aujourd’hui des groupes comme The Brian Jonestown Massacre, Monster Magnet ou The Black Mugs précisément.

« On ne veut pas plaire à tout le monde. On n’est pas un groupe grand public. On fait juste la musique qui nous plaît à nous et à ceux qui nous suivent », lance Anja, le bassiste, un rescapé du groupe Mountain Flowers. « On en a marre du riff pour le riff et des coups de cymbale pour la frime. On est gavés de tous ces machins thrash ou death metal. Certains s’étonnent que nos références musicales remontent aux années Soixante. Mais la bonne musique c’est intemporel, c’est comme Beethoven. Je n’en dirais pas autant de tous les trucs plus actuels qui passent sur les radios », surenchérit Dio (ex- The Dizzy Brains). C’est précisément le sens du titre Tout est drôle où ils font le constat d’une époque qui ne fait que se caricaturer : « Tout est drôle, même le rock’n roll » ! Des passéistes ? Pas vraiment ! D’autant qu’ils ne considèrent pas du tout la prise de substances hallucinogènes indispensable au psyché. « Psyché veut uniquement dire musique qui vient du psychisme, de l’être intérieur. N’importe quoi peut la provoquer, ne serait-ce que d’écouter sa respiration… » Alors vive le yoga ! Tels quels, avec leurs influences subtilement « indiennes » (à la Tritha), ils représentent une face encore peu connue de ce rock tananarivien, alternatif et indépendant, qui n’en finit pas de nous surpendre. Alors bon trip les gars !

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