Tantely Rakotoarivelo : Sa mode haut perchée s’invite à Paris
Nous avons fait le portrait du styliste Tantely Rakotoarivelo en 2015, dans no comment® numéro 68. Rappelez-vous, cet adepte de la mode androgyne qui a osé faire défiler les hommes en talons. Aujourd’hui, du haut de ses talons perchés, il a pris son envol. Après l’Afrique, c’est Paris qui lui tend les bras.
Bousculer les codes du genre, c’était le défi de Tantely Rakotoarivelo et il comptait bien se faire un nom dans le milieu en agissant de la sorte. C’est chose faite depuis qu’il a tenu son troisième défilé où il a fait ressortir la féminité des hommes en les perchant sur des talons, oui Messieurs ! Son audace lui a valu une invitation à la Fashion Week Kenya Kisumu en Afrique en 2016 et dernièrement, en novembre, au 8e salon de la mode de l’océan Indien à Mayotte où il a été sacré coup de coeur absolu du public.
« En tant que fervent promoteur de l’avant-garde haut perchée, j’y ai proposé une mode métissée et éthique qui parle de la création de demain. » Ses robes aquarium avec des bustiers en sable, des leds qui s’allument et rehaussées de matériaux de récupération comme les sacs en plastique, ont fait le buzz. L’écho a été si fort qu’il a obtenu une collaboration avec la marque française Futur, touchez le luxe Français, et Rozna, la beauté c’est moi, en tant que modéliste de leurs prototypes.
« Si avant je m’inspirais de Jean-Paul Gautier pour son art de détourner la mode, aujourd’hui je ne m’inspire que de mon vécu, notamment de mes problèmes avec mes parents, mes frustrations et mon orientation sexuelle. » On peut trouver dans sa collection océan Indien des jeux subtils de noeuds et de plis dessinant comme une armature. « Cela évoque l’image des coups de couteau que mon père a reçus lorsqu’il a été assassiné », confie-t-il. Gore ? Oui, mais il sait aussi exprimer la joie et l’espoir avec ses tissus vert émeraude.
Tantely Rakotoarivelo n’oublie pas qui il est et n’hésite pas à le traduire à travers ses créations comme avec sa combi dotée d’une cape que peuvent revêtir aussi bien les hommes que les femmes. « J’ai été persécuté à cause de mon orientation sexuelle. La mode androgyne est pour moi la meilleure manière de m’affirmer. D’ailleurs, on ne me laissait jamais m’exprimer avant. » Une chose est sûre, s’il a fait une formation en architecture, Tantely Rakotoarivelo préfère créer des vêtements que des maisons et il ne compte pas s’arrêter à ses huit collections. Après son buzz à Mayotte, il a été sélectionné pour le Paris Fashion Week 2018. Des hauts talons qui ressemblent à des bottes de mille lieues !
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