Sortez couverts
18 octobre 2018 - GaysyNo Comment   //   1017 Views   //   N°: 105

Après une longue hésitation, j’ai décidé de faire un test de dépistage du VIH sida. Je me sens normal, sans souci de santé. Mais je préfère en avoir le cœur net sur mon état face à mes manques de reflexe de mettre un préservatif pendant quelques-unes de mes aventures sexuelles. Je pense vivre une relation sérieuse avec ma nouvelle conquête et instaurer une confiance mutuelle sur le plan sexe.

J’ai opté pour un centre de santé qui a fait une sensibilisation lors d’une soirée. Le fait qu’il se trouve loin de mon quartier m’arrange. Le médecin m’accueille avec un sourire, un bel homme élégant. Il doit avoir le même âge que moi. Sans détours, je lui explique la raison de ma visite.

« Très sage décision. C’est votre premier test ? », réagit-il en prenant un classeur contenant une fiche. Il a posé une série de questions sur une partie de ma vie en général et ma sexualité,

tout en promettant que ces renseignements resteront confidentiels. J’ai livré mes réponses avec franchise. Mes penchants ne semblent pas perturber l’air sérieux du toubib sous sa blouse blanche. Après avoir rempli le papier, il m’a expliqué comment se transmet le virus du sida, les formes de prévention efficace. A l’entendre, je me suis exposé plusieurs fois à choper cette saloperie. Ce qui augmente mon impatience de connaître le résultat. A cette époque, il fallait revenir le lendemain pour l’avoir.

Il a fait un prélèvement de sang sur mon doigt, l’a mis dans une petite éprouvette sur laquell il a inscrit un chiffre identique à celui qu’il a mis sur ma fiche. Une fois à l’extérieur, j’ai essayé d’imaginer comment je réagirais si jamais le résultat était positif. Soudainement, j’ai regretté tous ces moments où j’ai fait l’amour sans préservatif. Comme je n’en ai jamais en réserve chez moi, chaque fois j’oublie d’en acheter avant d’aller coucher avec un mec. Bien sûr, j’ai toujours été sélectif par rapport aux comportements de mes partenaires mais ça ne garantit rien sur leur état de santé. Une certaine angoisse m’a envahi en pensant aux grands changements qu’imposent cette maladie, les répercussions qu’elle engendre sur la vie, sur le moral, sur l’entourage. Pourquoi n’y ai-je pas pensé plutôt ? Quel abruti !

Du coup, j’ai acheté quelques paquets de condoms à la première épicerie se trouvant sur ma route. J’en ai gardé sur moi et mis le reste dans ma table de chevet. Au moins, c’est une étape de faite dans la bonne résolution que je décide de prendre. Je n’aurai plus l’esprit tranquille tant que je ne connaitrai pas le résultat de mon dépistage. J’ai même fait des rêves bizarres la nuit, à force d’y penser tout le temps. L’absence du sourire du médecin à mon retour pour son verdict me trouble. « Comment allez-vous ? », me demande-t-il. Est-ce tout simplement une forme de salutation classique ou une question à caractère médicale ?, me demandé-je à mon tour.

« Jusque-là, ça va, dis-je, d’une voix presque vacillante.
Avant de vous dire le résultat, savez-vous les différences entre une personne séropositive et un malade du sida ? Il ne faut pas oublier qu’il n’existe pas encore de médicament pour soigner cette maladie », poursuit-il avec insistance.

J’étais tout ouïe. Heureusement, il a été bref et clair dans ses explications qui se résument par l’importance de se protéger avant qu’il soit trop tard, car dans les deux cas, le virus est déjà présent. Le séropositif peut ne pas être malade, mais être contagieux. Seule l’évolution de la maladie est la différence.

« Ecoutez monsieur, votre test est négatif. Faites très attention la prochaine fois, sortez couvert », m’annoncet- il finalement en m’offrant une grosse boîte remplie de préservatifs. J’ai cru renaître en entendant ce propos. Je n’ai pas regretté ma décision. Je sais maintenant que je me porte à merveille, que je détiens ce capital inestimable qu’est la bonne santé. Alors pourquoi le mettre en péril par manque d’attention.

J’ai suggéré à mon compagnon d’aller faire un dépistage à son tour. Ça donne un autre sens à la vie. L’envie de se protéger à chaque coup pour avoir l’esprit serein.

par #Von

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