Sanndya Soa : Mon retour est surtout un fantasme
13 avril 2015 - Diaspora HexagoneNo Comment   //   1845 Views   //   N°: 63

Sanndya Soa, 30 ans, est assistante sociale en région parisienne. Native de Toliara, elle vit en France depuis quatre années. Cette jeune maman qui rêve de liberté croit à sa bonne étoile.

Le père, professeur de lettres françaises, est originaire de la région Sava ; la mère, institutrice, de Befandriana Nord. Quatrième enfant d’une famille qui en compte six, Sanndya grandit à Toliara où ses parents se sont rencontrés quand ils étaient étudiants. Elle fréquente un groupe scolaire privé d’obédience musulmane jusqu’au bac. À 16 ans, comme ses « frères et soeurs », elle rejoint la capitale pour y suivre un double cursus de quatre années en lettres françaises et en sociologie : « Une manière de couper le cordon et de grandir. »

À 22 ans, elle arrête ses études pour travailler dans la « consultance », pour un bureau d’études privé. Mais, trois ans plus tard, sa mère la persuade de reprendre ses études : « Je l’ai écoutée, j’ai fait un DEA en Sciences sociales. » L’année suivante, elle est admise en Master 2 d’études sociales et politiques à Paris dans une « université prestigieuse », Panthéon-Assas. Bénéficiaire d’une bourse dont le versement se fait cruellement attendre, elle est logée dans un foyer universitaire malgache à Cachan : « Je n’ai rien perçu pendant cinq mois mais ma soeur a réussi à débloquer la situation et j’ai été pistonnée pour cette chambre à bas coût : 175 € plus 9 € d’électricité par mois. »

Elle s’acclimate très vite, elle parle la « langue du pays » et « tout le monde » est « agréable ». Elle papillonne bientôt avec un étudiant malgache. La « vie parfaite » ! Mais inexplicablement, elle sombre dans une sorte de « spleen » : « Je ne me sentais pas bien, c’était diffus. » Elle veut rentrer mais s’amourache de son zazou : « J’ai trouvé l’amour et je suis restée. »

Elle passe deux mois de vacances au pays et sa mère la met en face de ses responsabilités : « Quand est-ce que tu vas avoir un enfant ? J’espère que tu n’es pas stérile ! » Toute « chamboulée », elle s’inscrit à Orsay (Paris XI) en relations internationales mais sa mère l’a « déboussolée » et ses beaux-parents la harcèlent « sur la même question. » D’un commun accord, le couple enfante. Devenue mère, son « plan de carrière s’est effondré » : « Je m’occupe de mon fils comme d’un petit bijou. » Possessive, elle peine à se détacher de son fils : « Il a fallu que j’apprenne à déléguer aux autres. »

Après un an de recherche, elle accepte un emploi d’assistante de vie auprès de personnes âgées et obtient, par équivalence, le diplôme d’assistante sociale : « C’était le moyen d’avoir une vie plus sereine. Aujourd’hui, je travaille dans une mairie. Je crois que j’ai une bonne étoile. » Sanndya n’a pas pour autant renoncé à ses rêves : « J’essaie de convaincre mon compagnon mais je suis partagée. Il y a beaucoup de choses que je peux offrir à mon fils ici mais j’ai aussi peur de la crise d’identité que traverse la France. » Elle sait aussi qu’en rentrant, elle perdra son « statut » et sa « stabilité » : « Mon retour est surtout un fantasme. »

 

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