Sa-Roy : Banaiky puissance trois
5 janvier 2015 - MusiquesNo Comment   //   3264 Views   //   N°: 60

C’est aux couleurs de l’Androy, que le trio Sa-Roy s’est imposé le 26 octobre dernier en remportant la finale du concours de chant Hira Maitso. Un bon point pour le banaiky, ce rythme ancestral du Grand Sud dont Sa-Roy est l’un des plus subtiles interprètes.

C’est avec la chanson Arovy ‘ty ala (Protège la forêt) que Patrice Thomas Soaraza et son groupe Sa-Roy ont remporté le 26 octobre dernier au jardin d’Ambohijatovo la grande finale de Hira Maitso. Dans la foulée, le titre est devenu l’hymne du GIZ (Programme germano-malgache pour l’environnement), co-organisateur avec le CGM (Centre germano-malgache) de ce concours national de chant dédié à la sensibilisation environnementale. Pour Soaraza, tout juste âgé de 23 ans, c’est l’aboutissement de bien des années de travail et d’abnégation pour tenter de se faire un nom dans les milieux du banaiky, ce rythme traditionnel de l’Androy qu’il mélange de salala, un des chants a capella du Grand Sud.

Né à Beloha de parents chanteurs de chorale, il apprend la mandoline – l’instrument typique du Sud – à 8 ans, et c’est là au hasard des bals poussière (en plein air) qu’il rencontre Sambeto et Ando, ses amis d’enfance, aujourd’hui piliers du trio Sa-Roy. Entretemps, Soaraza est parti étudier à Toliara – il est aujourd’hui en troisième année de philosophie – avec toujours ancrée en lui cette envie de chanter. C’est ainsi qu’il découvre début 2014 l’annonce du concours de chant Hira Maitso dont le thème imposé est le changement climatique et la sensibilisation à la protection de l’environnement. Ne reste plus qu’à créer la chanson et à l’interpréter ! Pour cela, il pense tout naturellement à ses potes Ando et Sambeto qu’il réunit au sein de la formation Sa- Roy, contraction de sairy tandroy (artistes antandroy).

« Les concurrents devaient présenter une maquette de la chanson, j’ai donc dû mentir à mes parents pour qu’ils me donnent l’argent pour l’enregistrer en studio. Je leur ai dit que c’était un concours pour décrocher un boulot, ce qui n’était en somme qu’un demi-mensonge… Ils n’ont su la vérité que lorsque j’ai été sélectionné pour représenter le Sud- Ouest à Hira Maitso. Depuis, ce sont mes premiers fans ! » La suite, on la connaît : une finale âprement disputée entre Abdou Moukbel Mouhrad, le représentant de la région Diana qui a pris la deuxième place, Momine Anziz Ben Rasolo du Boeny, et Arthur Andrisoa Andrianasolo d’Analamanga. Mais le groove instinctif de Soaraza, impeccablement servi par ses coéquipiers, n’a eu aucun mal à faire la différence. Aujourd’hui Sa-Roy est une valeur sûre que certains n’hésitent pas à placer dans le sillage de Vilon’Androy, les grands maîtres depuis 25 ans du banaiky et du beko, c’est dire ! Le concours leur a permis de remporter du matériel professionnel, comme un mixer numérique et un clavier maître, de quoi interpréter leurs morceaux sur scène dans les meilleures conditions et passer à la phase supérieure : l’enregistrement en studio d’un premier album. Et qui sait, le succès aidant, penser un jour à rembourser les parents ?

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