Rija
Arrivé à la Réunion à l’âge de 11 ans, Rija s’est toujours senti une vocation pour les métiers de la bouche. D’avoir fait son apprentissage dans un restaurant à tapas le prédestine aux cuisines latino-américaines, sans pour autant oublier ses racines malgaches…
Il est temps de partir. De quitter les quartiers populaires de Tana pour rejoindre sa mère, prendre l’avion. Le sésame, l’Eldorado enfin. Rija « Raveloniarivo » Dijoux pose les pieds pour la première fois à l’âge de 11 ans sur l’île de La Réunion. Il ne les quittera plus, ni sa mère ni cette terre d’accueil. Il sera rejoint par ses frères et soeurs dans les années qui suivent.
Le regroupement familial est fait ainsi, entraînant des longues séparations entre parents et enfants, le temps de régler tout l’administratif lié à une adoption. S’adapter tout d’abord : la langue créole, la scolarité, puis trouver une voie professionnelle. Rija va s’orienter vers les métiers du bâtiment en décrochant un certificat d’aptitude professionnelle.
Rapidement, il s’aperçoit de la difficulté physique du métier, et porte peu d’intérêt à cette voie. Au fond de lui, il est intéressé par les métiers de la restauration. Il trouve un contrat d’apprentissage dans un restaurant à tapas, ambiance sud-américaine au quotidien. Il s’initie aux bases de la cuisine brésilienne, venant compléter sa palette multiculturelle comprenant la cuisine traditionnelle malgache et la cuisine asiatique.
Malheureusement l’activité réduite du restaurant entraîne la rupture de son contrat. Rija est obligé de quitter sa formation. Il réussit à trouver quelques heures dans ce qu’il appelle un « laboratoire » de la restauration : aucun client sur place, des protocoles stricts de fabrication et des normes d’hygiène encadrent la fabrication des plats, livrés par camions dans plusieurs restaurants.
Rija a compris l’importance de saisir la moindre opportunité. Il se retrouve malgré lui assistant chez un orthodontiste, avec en vue une formation de prothésiste dentaire. Mais secrètement il continue à rêver de soigner d’autres fines bouches…
Julien Catalan
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