Rasoa Kininike : L’hommage du Sud
1 décembre 2014 - Cultures MusiquesNo Comment   //   6550 Views   //   N°: 59

Cinquante-quatre jours après son décès, Rasoa Kininike la reine du tsapiky a été portée en terre dans son village natal de Tongobory, dans le district de betiokyAtsimo. Au son des orchestres et des feux d’artif ce, car la mort est une fête sur le plateau mahafaly.

Le 22 septembre 2014, la chanteuse RasoaKininike disparaissait tragiquement à l’âge de 36 ans dans un accident de voiture survenu à Antsalova alors qu’elle se rendait de nuit à Maintirano. Elle laisse deux enfants et l’aura exceptionnel d’une artiste qu’on surnommait la Reine du tsapiky, ce rythme typique de la région de Toliara dont elle a su si haut porter les couleurs pendant trente ans. Elle commence à chanter à la f n des années quatrevingt dans l’orchestre Los Belia d’Ejeda, spécialisé dans l’animation des cérémonies funèbres du plateau Mahafaly. Vers la f n des années quatre-vingt-dix, elle se produit en solo accompagnée de son mari Pascal, originaire de Bezaha, écume les cabarets de la capitale avant d’entamer la carrière que l’on sait à travers le pays.

C’est dire l’émotion qui régnait ces 13 et 14 novembre alors qu’avait lieu le Havoria, le grand rassemblement des funérailles selon la tradition Mahafaly, dans son village natal de Tongobory, dans le district de Betioky-Atsimo. Hommes politiques, personnalités du spectacles, tout le monde se devait d’être présent, tout comme ces milliers de personnes, simples anonymes venus assister avec dévotion à son inhumation. Autour du cercueil, les mpiantsa, ces pleureuses professionnelles entonnant les chants sacrés dédiés aux défunts.

Si son corps n’a été porté en terre que le 14 novembre, presque deux mois après son décès, c’est qu’il a fallu attendre, comme l’exige la coutume Mahafaly, la construction du nouveau caveau familial situé au bord de la RN 13 en direction de Tolagnaro (FortDauphin).

La journée du 13 novembre fut consacrée à la cérémonie du Fanamea, l’accueil des invités et les donations (enga) à la famille, avec orchestres et feux d’artif ces. Le 14 novembre, s’est déroulé le Fandevegna, l’enterrement proprement dit, avec encore des orchestres et un cortège d’un kilomètre de long pour accompagner la dépouille. Des funérailles grandioses aux accents festifs, comme toujours dans le Sud, avec ces tsara tsodrano (adieu) inscrit sur les T-shirts et les lambahoany (pagnes traditionnels). Rasoa Kininike n’est plus, mais son f ls Luco a promis à ses f dèles qu’un groupe Luco Kininike venait de naître…

Texte et photos Retana

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