Raoky : Histoire de famille
5 janvier 2016 - Cultures Music MusiquesNo Comment   //   3274 Views   //   N°: 72

Le visuel de l’album donne le ton : peinture naïve d’un artiste brésilien avec une simple signature : Raoky. Au dos, des crédits studios allant de l’île Sainte-Marie à l’Allemagne, puis l’envie d’insérer le disque dans la platine pour en savoir plus. 

Dès le premier morceau Raoky se révèle aussitôt. Le premier titre Transit  renvoie à l’image d’une longue histoire où le mélange des genres et des caractères fusionnent ensemble comme une évidence. Raoky a le chic pour englober le traditionel des racines malgaches en les bouturant avec de multiples influences. L’auditeur, qu’il soit face au groupe sur scène ou à l’écoute de l’album va retrouver les atouts de ce que la musique en 2016 peut engendrer : un art pur sans consensus ni censure.

Raoky s’autorise le pouvoir de modifier certaines trames musicales, d’incorporer des atomes comme des gènes familiaux qui se reproduisent à chaque fois de manière différente. On ne peut pas être insensible à la voix de Dada Bessa-Tolojanahary qui transporte le reste du groupe. Son timbre rappelle celui de Tracy Chapman, la tessiture de sa voix s’offre le luxe d’aller chercher les octaves supérieurs à la façon des Touré Kunda ou de Yousoun N’dour. Sur la question des influences, Dada répond sans hésiter Otis Reading et Bob Marley.

Raoky est né il y a quatre ans suite à une rencontre entre Marvin Warnke, l’Allemand venu en mission bénévole à Sainte-Marie et Dada, fils du populaire Pascal Emilien, Saint-Marien et musicien reconnu. Marvin et Dada ont 20 ans à l’époque et la fusion musicale s’opèrera de manière tout à fait naturelle. Côté famille, Marvin deviendra le beau-frère de Dada en épousant sa sœur. De retour en Allemagne, Marvin commence à demarcher quelques concerts et s’attaque à la finition et au mastering du premier opus éponyme Raoky (Grand-frère). La campagne participative (Crowdfunding) menée en Europe sur des promesses de dons permettra une première tournée de plus de trente dates en Allemagne.

Les années passent, chacun doit retrouver un peu d’argent et de cohérence pour le suite du projet. Sans perdre contact avec Madagascar, Marvin revient en 2015 avec le fruit d’un travail acharné en tant que manager, booker et producteur grâce à une deuxième campagne de financement participatif et de multiples prises de contacts presse et radio. Comme tout groupe musical qui se respecte, Raoky est à l’affût de partenaires et de soutiens financiers afin d’élargir sa prochaine tournée en Europe prévue pour avril 2016. Une perche qu’ils tendent aux éventuels organismes donateurs qui pourrait voir en Raoky, un groupe ambassadeur représentant Madagascar à l’étranger.

Organisé comme une cellule familiale, le nouveau quintet Raoky appuyé en attaque massive par la locomotive basse-batterie de Brunel et Arthur termine actuellement son deuxième album sous le nom de Niova (Changer). Titre révélateur qui se réfère encore une fois à la fraternité et à l’ouverture alternative au monde. Enregistré dans l’incontournable Zion Studio de Sainte-Marie sous la houlette de Richard Falce, talentueux preneur de son, Niova sera un album trilingue où la langue malgache restera la dominante. Souhaitons à ce « Niova transformateur » de charmer la grande famille du public européen. Qui sait ? La musique est un cri qui peut venir de l’extérieur.

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