Passe ton bac d’abord !
2 juillet 2014 - FombaNo Comment   //   1486 Views   //   N°: 54

« Il n’a même pas son bac ». Voilà qui assassine tous les espoirs d’un prétendant à la main de toute demoiselle de bonne famille. La formule tue aussi sûrement qu’un poignard les chances d’un prétendant politique, quoiqu’il y ait eu des précédents au plus haut sommet des États… 

« Maman, j’l’ai eu ! » Ce mois de juillet, ce sera le cri de triomphe de millions d’ados. En tout cas, il ne s’agira pas du onze national consacré champion du monde de foot. Loin s’en faut, même si le Mondial bat son plein depuis le 12 juin ! Ce mois de juillet, des millions de jeunes attendent donc avec une impatience grevée de lourdes appréhensions, les résultats du bac, le fameux baccalauréat que les familles exigent pour leur propre tranquillité d’âme et sérénité d’esprit. L’avenir de la petite ou le futur du petit dépendent de ce diplôme. Des mères-poules ou des papas plongés tout entier dans le Mondial du foot, on ne sait trop qui se fait le plus de cheveux sur une catastrophe à venir, car un échec au bachot fait partie des aléas de la vie. Le bac, c’est le stress et le chantage en permanence. Après le « mange ta soupe, si tu veux grandir », ce sera « le bac d’abord », la Porsche dernier cri viendra ensuite. C’est une question de classe sociale.

Le carton signe le premier sésame pour réussir dans la vie, du moins en théorie. Le bac fait partie des paramètres pour commencer à figurer et grimper sur l’échelle sociale. « Il n’a même pas son bac ». Voilà qui assassine tous les espoirs d’un prétendant à la main de toute demoiselle de bonne famille. La formule tue aussi sûrement qu’un poignard les chances d’un prétendant politique, quoiqu’il y ait eu des précédents au plus haut sommet des Etats. L’humanité a toujours fonctionné sur un mode dichotomique. Le prolétariat et les capitalistes commencent à creuser leur écart. Les syndicats de travailleurs rejoignent le camp des patrons pour le bien de l’entreprise. C’est dire que Marx et Lénine on rejoint les poubelles de l’histoire. Aux yeux des ouvriers, rien ne vaut un patron qui réussit, avec ou sans un bac en poche. L’essentiel est les retombées en termes de pitance quotidienne. La dialectique fait place à un renversement des valeurs, à moins que cela ne revienne au même.

Aux premiers âges de l’humanité, ce sont les biceps qui comptent. Les minus se rattrapent ensuite avec le savoir. Les scribes dominent les Pharaons à travers l’écriture. L’argent fera plus tard la différence. Puis le foot, par exemple. Les héros du stade remplissent les actus, font le succès des magazines people, défraient la chronique et deviennent les nouveaux modèles de la jeunesse. Tout cela pour dire que le bac a de sérieux concurrents. On peut réussir sans le bac. Chose impensable avant, quand à Madagascar avoir le bac double (Première et deuxième partie à l’époque) émerveillait les familles et faisait rêver les mères en quête d’un bon parti pour leur fille. Cela a poussé vers des ignominies comme le forcing du bac à onze ans ou douze ans. Voler l’enfance de ses rejetons devrait figurer parmi les douze crimes capitaux des parents. A l’heure des tablettes, de l’Internet ou du smartphone ou des SMS quelle est la valeur du bac, quand la simplification est devenue la norme de l’écriture ? Le bak akwa sa ser ? Pas le bak dabor. Tu verras ensuite qu’il est bien de l’avoir, sinon… il niapake le bac dan la vi !  

par Mamy Nohatrarivo

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