Opus 106
1 février 2016 - Cultures Music MusiquesNo Comment   //   1978 Views   //   N°: 73

Granados : Un soleil sur l’Espagne

Pleins feux sur le compositeur Enrique Granados, disparu il y a exactement cent ans… Une des pierres angulaires du renouveau de la musique classique espagnole. On est toujours saisi par la beauté de sa 5e Danse espagnole, l’Andaluza, autant à la guitare (écoutez l’interprétation mythique d’Andres Segovia !), au violon ou dans son écriture originale, au piano. Dans l’Espagne de la fin du XIXe où la musique classique avait un peu perdu de son éclat au profit de la mode italienne, les idées fraîches d’un compositeur qui s’intéresse aux images de la vie espagnole sont chaleureusement accueillies.

Né en Catalogne en 1867, Enrique Granados manifeste des dons précoces pour la musique. Il obtient son premier prix de piano au Conservatoire de Barcelone à 16 ans, et il travaille encore la composition pendant trois ans en Espagne avant de s’embarquer pour Paris, où ses Danses espagnoles le révèlent au monde autant comme pianiste virtuose que comme compositeur. Son premier opéra, Maria del Carmen (1898) est un énorme succès. Cela lui vaut d’ailleurs une décoration royale dans son pays.

Ce musicien généreux, qui a voué toute sa vie à l’enseignement mais qui se définit d’abord comme un artiste, possédait de nombreux talents pour d’autres arts, en particulier la peinture. Il est profondément admiratif de l’oeuvre de Francisco de Goya (1746- 1828) qui est pour lui « le génie représentatif de l’Espagne » . De cette admiration sont nées ses Goyescas en 1915 : Granados a transposé dans cet opus les jeux et les passions des majos et majas du XVIIIe siècle (les personnages des toiles de Goya, de jeunes aristocrates qui ont le goût des coutumes populaires : vêtements colorés, danse, tauromachie…).

Avec les Goyescas pour le piano, Granados a su exactement traduire en musique les actes et les moments caractéristiques du peuple de l’Espagne. Les sept pièces de ce chef-d’oeuvre forment le joyau du compositeur. Il s’en est ensuite inspiré pour écrire un opéra, qui sera créé au Metropolitan de New York en 1916. C’est d’ailleurs au retour de sa tournée américaine cette année-là qu’Enrique Granados trouve la mort : son bateau, le Sussex, se fait torpiller par un sous-marin allemand au milieu de la Manche. Les témoignages disent que le compositeur a été recueilli par un canot de sauvetage, mais qu’en apercevant son épouse, il s’est jeté à l’eau pour la rejoindre, ne la retrouvant hélas que pour se noyer avec elle.

Enrique Granados forme avec Isaac Albeniz et Manuel de Falla le trio de choc qui a fait redécouvrir l’Espagne aux mélomanes espagnols et au monde entier. Notre compositeur a laissé, outre les oeuvres citées plus haut, un catalogue de 25 opus qui respirent tous la Castille et l’Aragon. Je citerais entre autres ses pièces lyriques : les fameuses Tonadillas, sa Danza gitana pour orchestre, et plusieurs autres trésors pour le piano (les Valses poeticos ou encore les Escenas romanticas).

Les coups de coeur d’Opus 106
• Oriental – Danzas Españolas (Milos Karadaglic, guitare)
• Sonate, pour violon et piano (Leticia Moreno & Ana Maria Vera)
• La Maja y el ruiseñor – Goyescas (Alicia de Larrocha, piano)

La maja et les masques de Goya, l’artiste qui a influencé Granados. 

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