Ophélia Arilala : Ma plus grande influence vient de l’art-thérapie
8 novembre 2022 - Couv byNo Comment   //   1512 Views   //   N°: 154

« Je me considère en construction identitaire », reconnaîtelle volontiers. Avec l’encre de Chine, Ophélia Arilala exprime ses émotions. Au fil de ses pensées, des formes se créent et ses dessins peu à peu prennent vie. Un Rorschach intime où tout son être est en éveil.

Dessiner à l’instinct ?
J’ai vécu dans une maison en bois et avec mon regard d’enfant, je m’amusais à deviner les formes un peu abstraites sur le bois pour en faire des dessins. Mes cahiers d’écolier en étaient remplis et l’encre noire est restée le médium avec lequel je suis le plus à l’aise. Je dessine des figures aléatoires qui peu à peu prennent forme, finissent par dire quelque-chose, un peu comme en thérapie. Je n’ai jamais vraiment appris le dessin réaliste, au début par manque de volonté mais aussi pour le mal que j’ai à m’exprimer quand c’est trop carré. Mes dessins traduisent des émotions, des états d’âme, des choses non palpables que j’essaie de faire fusionner avec la réalité.

Peut-on parler d’art brut ?
Je ne me vois pas un style en particulier. Certains disent qu’il y a du Schiele ou du Matta dans mes dessins, c’est flatteur mais ma plus grande influence a été un patient rencontré lors d’un stage en art-thérapie. Après le bac, je me suis orientée vers des études en psychologie pendant trois ans, en m’intéressant beaucoup aux enfants, comme accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH) ou en animant des ateliers d’art dans le primaire. Je leur dois à tous un regard nouveau sur la vie.

Extrait d’un labyrinthe
42 x 29,7 cm. Encre de Chine sur papier

Pouvez-vous nous parler de l’exposition collective « Fahafahana Maneho » ?
Fahafahana Maneho (Expression libre) est né d’une visite nocturne au domicile de Donné Vonjy à Alasora. Ayant ressenti une connexion particulière avec ce lieu, nous avons décidé d’y faire quelque chose ensemble. Le matériau recueilli nous a incité à en faire une exposition, avec le concours d’autres artistes et designers comme Jo Aina, Olivia Bourgois, Chloé Bourhis, Tsiriniaina Irimboangy, Marie Malvasio, Andy Rasoloharivony, Fitiavana Ratovo… Comme son nom l’indique, Fahafahana Maneho vise à l’expression libre ; on s’est donné carte blanche en fonction de nos différentes identités, tout en s’imprégnant du lieu. Le résultat, huit approches différentes et pourtant en harmonie.

Les projets ?
En ce moment, je m’essaie à d’autres supports comme le bois, le fil de fer, voire les mots. J’ai besoin de sortir de ma zone de confort, j’estime être une artiste en construction identitaire. Nous avons aussi fondé un collectif d’artistes Les Recycl’arts où l’art est d’abord vécu comme un partage. Nos premières actions ont été centrées sur les enfants, notamment à mobilité réduite, au travers d’ateliers dans les EPP (écoles publiques). On prépare un projet de grande envergure. Sans trahir la chose, je dirais qu’on va retravailler les rues d’aujourd’hui pour en faire les chemins de demain.

Propos recueillis par #AinaZoRaberanto

Un pas de sens
22 Encre de Chine sur papier. 29,7 x 42 cm

Crampon de pensées
Encre de Chine sur papier.
14,8 x 21 cm

Invariable
Encre noire sur papier.
14,8 x 21 cm

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