Non-violence : Manifester autrement
5 janvier 2017 - TribuneNo Comment   //   2633 Views   //   N°: 84

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Madagascar a longtemps baigné dans des mouvements de résistance sanglants, hélas… en vain. Aujourd’hui, le pays est loin de se redresser si on se réfère aux 92 % de Malgaches qui vivent sous le seuil de la pauvreté. Il est temps de changer de stratégie et d’opter pour une résistance pacifique.

Les Malgaches ont en marre de descendre manifester dans les rues pour réclamer leurs droits en tant que citoyen. Pourquoi manifester si c’est à chaque fois le même scénario : bombes à lacrymogène, balles perdues, sang qui coule à flot – si on se réfère aux violentes manifs de 1972, 2002 ou 2009. Conséquence, les gens préfèrent rester chez eux et râler sur les réseaux sociaux au lieu d’exprimer leur frustration dans des manifestations. Il y a de quoi se plaindre puisque les trafics en tout genre, la corruption, la mauvaise gouvernance, la non-redevabilité des élus, le non-respect des lois fragilisent le développement du pays. Afin de remettre le citoyen au cœur des affaires nationales, il est impératif d’adopter une action plus pacifique, notamment la résistance non violente.

Comme Martin Luther King l’a souligné, la non-violence active n’est pas une méthode destinée aux lâches. Au contraire, c’est une véritable résistance.

Elle est l’art d’utiliser le pouvoir non violent pour atteindre des objectifs sociopolitiques et ce au travers de protestations symboliques. Cette pratique a été popularisée à partir de 1921 par des personnalités exemplaires comme Gandhi en Inde, par Nelson Mandela et Steve Biko en Afrique du Sud, ou encore par Martin Luther King dans sa lutte contre la ségrégation. Ce sont les formes de résistance non violente qui ont marqué l’histoire et dont Madagascar devrait prendre exemple.

Cette forme de résistance, on l’a déjà connue à travers les actions de l’association Liberty 32 ou Wake up Madagascar. Ce sont par exemple des actions symboliques comme montrer des assiettes vides pour dire que les Malgaches ont faim, organiser une marche de solidarité, se coucher par terre en arborant des slogans ou encore tenir une banderole en face du Sénat afin de dénoncer à un invité international les maux du pays.

Afin de partager au plus grand nombre ce concept de résistance civile pacifique, le projet Learning Initiative Aiming at Non violent Actions (LIANA) a été lancé par Wake Up Madagascar, Liberty 32, le programme Women and Youth’s League for Democracy et l’International Center for Non-Violent Conflict. Il a consisté en un premier temps à donner une formation pratique sur le sujet en décembre dernier. Entièrement convaincus de l’intérêt national de ce genre de militantisme, les madactivistes sont aujourd’hui tenus de manifester autrement et plus intelligemment que par la violence.

Women and Youth’s League for Democracy (WYLD)

Le Women and Youth’s League for Democracy est un programme visant à assurer l’empowerment politique des femmes et des jeunes. Le programme consiste à organiser des sessions de formation sur la démocratie et la citoyenneté et fait également de l’observation électorale bénévole depuis 2013.

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