Noël !
3 décembre 2015 - FombaNo Comment   //   1720 Views   //   N°: 71

La civilisation consumériste et mercantile a mis la main dessus et imposé ses marqueurs à travers le vaste monde : la consommation à tout va et dans tous ses excès. Et surgit la question existentielle : que reste-t-il de Noël ?

Bientôt Noël ! A Madagascar, cela ne se voit pas cette année, alors que depuis toujours, on l’entend frapper à la porte fin novembre. Et paradoxalement, cette année, l’on éprouve la drôle d’impression que Noël semble n’être pas… très bien accueillie ou, si l’on veut dans un enthousiasme général. Néanmoins, il faut faire sien la foi en Noël. Au cours des siècles, sa magie ne s’est jamais démentie. Alors, si l’enthousiasme n’est pas là c’est qu’il n’a peut-être pas encore revêtu ses habits de sortie. Certes, les rues parlent d’elles-mêmes. A l’évidence, les conteneurs commandés en Chine dès juillet, n’ont pas encore débarqué. C’est donc la morosité, faute de marchandises pour donner le change. Voilà pourquoi, quelquefois, le Noël des uns est l’enfer de certains, surtout quand la conjoncture s’essouffle dans les relents résiduels d’une crise.

Nous avons baissé nos commandes de moitié, voire plus, soupirent les habitués des marchés de Guangzhou ou de Canton, de Singapour ou de Dubaï. Ils craignent pour leurs investissements, mais gardent la foi en la magie de Noël. Depuis une dizaine d’années, les Malgaches sont devenus de grands commis voyageurs. Pas étonnant. Leurs ancêtres sont venus à Madagascar, chevauchant sur les vagues du Pacifique. A Noel, tout se vend et s’enlève comme des petits pains, alors ce n’est pas demain qu’Antananarivo cessera d’être le plus grand marché ouvert du monde. Noël, c’est le pic. Les parents se sentent pousser une grosse boule d’angoisse. Où trouver l’argent ? Le problème est là. Les papas et les mamans viennent de survivre au naufrage des économies familiales durement drossées contre les récifs de la rentrée scolaire. Et ils vont devoir rafistoler le bateau pour affronter les rafales des dépenses de décembre. La folle course aux sous démarre quand les chants de Noël envahissent les radios, attendant le jour J, le 25 décembre aux premières heures. Les enfants sortent du lit pour se précipiter vers le sapin ou partent à la recherche de chaussures, leurs chaussures qu’ils ont fébrilement briquées la veille. D’où leur est donc venue l’idée de ces chaussures qu’il faut a-b-so-lu-ment briquer ? D’où vient tout ce jeu sur le paradigme de la neige qui ensorcèle le monde sous le soleil des Tropiques ? Tout a été dit sur Noël. Y compris qu’il n’est plus ce qu’il est, mais qu’il sera toujours Noël.

C’est une fête majeure. La meilleure des preuves est qu’elle n’est plus un monopole religieux. La civilisation consumériste et mercantile a mis la main dessus et imposé ses marqueurs à travers le vaste monde : la consommation à tout va et dans tous ses excès. Et surgit la question existentielle : que reste-t-il donc de Noël ? L’esprit de partage certainement, la culture du don aussi. Noël s’est naturellement intégré dans les moeurs malgaches pour qui, « les petits cadeaux entretiennent l’amitié ». Noël comme fête de la fédération, il n’y a pas mieux.

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