Njara Rasolo : De la Finlande à Mada
11 novembre 2019 - CulturesNo Comment   //   1336 Views   //   N°: 118

Formé à la danse dans les années 90, le chorégraphe et danseur urbain Njara Rasolo s’est installé en Finlande où il fait des pieds et des mains pour représenter Madagascar à sa façon. Il est le fondateur des festivals We love Dance et Nyky dance street en Finlande mais aussi du festival international Ambony Ambany dont la cérémonie de clôture de la sixième édition s’est déroulée en octobre dernier à Tana.

Njara Rasolo a toujours dansé. A l’époque, il habitait dans le quartier de 67 ha où la danse était un mode de vie. « Si tu n’étais pas dans un groupe de danse, c’était difficile de s’intégrer. A l’époque, le soukous était à la mode. C’est Luc (Up the Rap) qui m’a appris les bases. J’étais dans un groupe qui s’appelait TCBT et nous faisions du street dance, ce qui m’a permis de développer mon sens créatif et de ne pas danser n’importe comment. »

Comme à Madagascar, la plupart des danseurs ne sont pas passés par des écoles, le partage des connaissances entre les membres des groupes est important. Il apprend ainsi la danse contemporaine avec le chorégraphe et danseur Ariry Andriamoratsiresy et le modern Jazz avec Mialy Rajhonson. Et pour s’améliorer, il ne rate aucune formation dispensée par les danseurs internationaux qui venaient à Madagascar. Mais aujourd’hui, c’est dans la danse urbaine, plus précisément, le break dance, que Njara excelle. « J’aime le côté technique, les acrobaties, les mouvements. C’est aussi cette passion pour la culture hip hop qui m’a amené au break dance. J’écoute beaucoup de rap français, américain et bien sûr malgache. Le hip hop donne une énergie différente que les autres genres musicaux. » Avec la Compagnie Up The Rap dans lequel il est membre depuis 1997, ils ont réussi à faire des tournées pendant cinq ans en Europe grâce à cette fusion entre la danse traditionnelle, contemporaine et le hip hop.

Grand voyageur, Njara s’envole pour la Tanzanie et tombe amoureux du pays. « La chaleur africaine correspondait à ce que nous avons à Madagascar. Par contre, les styles de danse ne sont pas les mêmes. Mais j’ai pu partager mon expérience. » Ainsi, en 2011, le groupe de danse Contagious qu’il a créé a remporté le championnat de danse de Tanzanie et se retrouve à la quatrième place pendant le championnat d’Afrique au Ghana. Changement de température, il déménage en Finlande où il intègre l’école de danse Tamara Rasmussen Opisto qui enseigne le ballet et le modern jazz. « J’étais le seul noir entouré de filles blondes ! Mais j’ai rencontré beaucoup de danseurs dont certains sont les meilleurs de la Finlande. » Entre-temps, le danseur participe à un concours qui s’étale sur dix mois. Bien qu’il soit arrivé en finale, il n’a pas remporté la première place. Par contre, il a tapé dans l’œil du directeur du Musée d’art contemporain de Finlande à Helsinki. « Le lendemain de la finale, il m’a appelé pour me dire qu’il y avait une exposition sur l’Afrique et qu’il voulait que je participe à l’ouverture avec un solo. »

Petit à petit, Njara s’est construit son propre chemin dans l’univers de la danse en Finlande, toujours dans l’objectif de représenter Madagascar et le hip hop. « En Finlande, la danse urbaine reste encore un mouvement underground. J’ai donc créé Dance Team International qui compte aujourd’hui, près de 100 danseurs et dont je suis le directeur artistique. Cette organisation s’est développée en Allemagne, Budapest et Tanzanie. » A Madagascar, c’est la Dance Team Madagascar qui organise le festival international de danse urbaine Ambony Ambany qui s’est déroulée en octobre dernier avec une formule différente cette année. « Nous avons fait appel à une vingtaine d’artistes de disciplines et de nationalités différentes. Je travaille avec des organisations en Allemagne et au Cameroun sur un projet de trois ans où je suis le directeur artistique avec le danseur camerounais Zora Snake. Je voulais qu’ils soient en immersion dans la culture malgache pour qu’ils fassent leurs propres recherches. Notre objectif, c’est de ramener le projet en Allemagne, l’année prochaine. » Pour Njara, la danse, c’est toute sa vie. « C’est la danse qui m’a sauvé. A mon tour, j’ai envie d’aider les jeunes à persévérer. »

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