Nahampoana
2 juin 2014 - EscalesNo Comment   //   3860 Views   //   N°: 53

Ce que la nature nous réserve…

À moins d’une demi-heure du centre de Tolagnaro, la réserve privée de Nahampoana permet de croiser l’une des flores et faunes les plus extraordinaires de la planète, celle du Sud-Est malgache. Plantes endémiques, grands lémuriens, balade en pirogue sur la rivière Lakandava… 50 hectares de nature en toute liberté.

 

Il n’y a qu’à Fort-Dauphin qu’on peut s’appeler Dauphin. Ou pas très loin à la ronde puisque nous sommes ici à la réserve privée de Nahampoana, au pied du Pic Saint-Louis, à moins de 10 km de la capitale de l’Anosy. Le Dauphin dont il est question est en l’occurrence le régisseur des lieux, la cinquantaine burinée au soleil du Grand Sud. C’est lui qui reçoit les visiteurs et distribue le travail entre les guides et les jardiniers.

L’homme qui parle à l’oreille des lémurs cattas (makis) et donne le nom en latin de la quasi-totalité des espèces végétales qui poussent ici ! Le plus ancien employé également : en service depuis 1997, l’année même où l’ancienne station d’acclimatation botanique s’est transformée en réserve privée ouverte au public.

 

De g. à dr., Paulo, Émerentienne
et Dauphin, l’équipe d’accueil de
Nahampoana.

Inaugurée en 1901, la station occupait la concession qu’avait obtenue vingt ans plus tôt un négociant franco-anglais de l’île Maurice, un dénommé Marshall. Il expérimentait ici caoutchoucs, vanilliers, poivriers, girofliers avant de les introduire à grande échelle dans la Grande Ile. C’est dire que le lieu ne manque pas d’histoire et que c’est tout à l’honneur de son actuel locataire-gérant, Aziz, un natif de Fort-Dauphin, et de son épouse Noely, de ne pas avoir cherché à niveler les traces du passé au profit d’attractions touristiques plus ou moins suspectes, comme cela arrive souvent. Bref, les pépinières sont toujours là et c’est un vrai plaisir de s’y promener entre orangers, mandariniers, clémentiniers… avec toujours des raretés botaniques à observer, comme ce cerisier du Brésil (Eugenia brasiliensis), merveille d’acclimatation à Madagascar, m’explique Dauphin.

Mention spéciale pour la bambouseraie dont les espèces endémiques font follement craquer au vent leurs guiboles de 25 à 30 m de haut : au moindre souffle, on se croirait au pied d’immenses orgues végétales ! Et pour ceux qui se demanderaient pourquoi les Antanosy n’ont pas jugé utile d’inventer le papier hygiénique, Dauphin a la réponse. C’est le niaouli (Malaleuca quinquenervia), dont l’écorce est constituée d’une superposition de couches fines, faciles à détacher et aussi douces que la soie, d’où son appellation locale d’« arbre à papier »…

« Nous voici à la rivière Lakandava »

Après un détour par la cascade et le bassin des crocodiles, nous voici à la rivière Lakandava, prêts à embarquer sur une pirogue. C’est une sorte de bayou étroit serpentant entre de hautes rangées de bambous et toute une végétation tropicale digne d’un inventaire à la Prévert : depuis les Typhonodorum lindleyanumdes ou « oreilles d’éléphant en rapport à la taille de leurs feuilles, jusqu’aux Barringtonia asiatica dits « bonnets d’évêques » en raison de leurs fruits à quatre faces évoquant une coiffe de prélat.

La qualité du silence est exceptionnelle – on entend même les abeilles butiner -, à peine troublée par les clapotis de la rame et le rire des enfants, tapis dans les roseaux, que l’on surprend en train de pêcher l’écrevisse ou le crabe d’eau douce.

Dans les feux apaisés de la fin d’après-midi, nous arrivons aux abords du restaurant : un bâtiment en bois construit en 1912 dans le grand style de l’époque. Pendant que Paulo s’active aux fourneaux et qu’Emerentienne, la gérante, dresse déjà le couvert, Dauphin nous entraîne un peu à l’écart. Un oeil sur sa montre, il pointe l’index vers les grands tamariniers, et à la seconde même apparaît une petite colonie de sifaka (propithèques de Verreaux) dégringolant mollement des branches. Ce sont l’une des six espèces de lémuriens que l’on peut croiser ici, pas les plus farouches. « C’est leur heure. Ils sont plus précis qu’une horloge. 

« Après ce sont les makis »

Après ce sont les makis qui arriveront pour profiter des derniers rayons de soleil », souffle Dauphin qui les suit un à un depuis des années.

Une femelle avec son petit sur le dos n’hésite d’ailleurs pas à lui ébouriffer les cheveux depuis sa branche en guise de salut, avant de repartir tout aussi placidement.

 

 

        Bref un endroit attachant et bien pensé qu’il est d’ailleurs possible d’explorer en nocturne, à la lampe de poche avec Dauphin, si vous avez choisi de dormir dans l’un des huit bungalows disponibles… option hamac et moustiquaire pour les plus aventuriers.

En bref

·         6 espèces de lémuriens dont 2 nocturnes

·         Tortues – Crocodiles – Caméléons – Oiseaux

·         Végétation endémique du Sud-Est

·         Piscine naturelle – Cascade – Grotte

·         Balade en pirogue

·         Visite nocturne si le temps le permet.

 

#AlainEid

Photos : #BernardWong

Air Fort Services : 034 01 894 48

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