Mzé Hamadi Naïma’l-Nour : « Vous tombez amoureux, vous ne savez pas forcément pourquoi »
4 avril 2017 - Comores DiasporaNo Comment   //   2216 Views   //   N°: 87

Mzé Hamadi Naïma’l-Nour est une jeune poétesse et nouvelliste malgacho-comorienne. Elle est née et a grandi sur les hauteurs de Moroni, avant que ne retentisse pour elle l’appel de la Grande Île. Tout cela en filigrane dans son recueil de nouvelles « Enracinés ».

Ton rapport à la Grande Île ?
Ma mère est originaire d’Ambositra, j’entretiens depuis toujours un lien très fort avec ce pays. Même si je suis née aux Comores et que j’y ai grandi, avant-dernière d’une famille de six enfants, je me sens plus chez moi ici qu’ailleurs. C’est comme quand vous tombez amoureux, vous ne savez pas forcément pourquoi ! Concrètement, je me suis installée à Madagascar pour mes études supérieures en droit. Depuis j’ai eu l’occasion d’être primée à deux reprises à un concours international (le Pija) en tant que Malgache, c’est une de mes grandes fiertés.

Pourquoi « Enracinés » ?
J’avais reçu le premier prix interrégional jeunes auteurs et cela a été un stimulus à ces petites histoires qui je pense trottaient déjà dans ma tête depuis un moment. J’avais en tête ces personnages pris au piège dans leur condition misérable, mais qui n’avaient pas perdu leur vision d’un futur possible et la force de se battre… « Enracinés » décrit justement cette condition. Mais ce qui est enraciné peut être déraciné, déplacé de sa terre, transplanté ailleurs, peut-être pour mal finir mais en tout cas avec l’espoir d’un recommencement…

Pourquoi l’écriture ?
Mon père écrit beaucoup, des poèmes qu’il met en chansons. Petite, je lisais déjà Verlaine, Rimbaud, et tout ce petit monde m’a poussé à l’écriture. J’ai voulu essayer en me disant que pouvoir toucher les gens de la même façon que je l’étais par mon père ou ces auteurs serait le summum du bonheur. Je n’avais que 9 ans mais avec déjà cette envie de donner. Une approche généreuse non sans un fond d’égoïsme, j’entends par là mon besoin personnel d’évasion. Quand on a eu une enfance solitaire comme la mienne, la créativité est un beau moyen de s’évader.

Des écrivains contemporains qui t’ont marquée ?
J’ai eu la chance inestimable de connaître David Jaomanoro et Salim Hatubou (paix à leurs âmes). Ils ont été des pères spirituels pour moi. J’ai envie de dire aussi, avec le sourire, des anges gardiens. J’ai rencontré David à plusieurs reprises dans le cadre d’un des premiers concours d’écriture auxquels j’ai été primée. J’ai découvert à la fois un grand homme, un écrivain exceptionnel et un ami. Je n’ai jamais pu rencontrer Salim mais nos liens étaient tout aussi forts. Pour la petite histoire, son roman Hamouro est le seul à m’avoir fait verser des larmes.

Tes projets ?
Du fait de mes études assez prenantes (je prépare mon master 2 en sciences politiques), je n’ai plus trop le temps d’écrire. J’ai une autre passion à laquelle je consacre plus de temps actuellement, le modeling et le mannequinat. Mais c’est un monde différent, on ne peut pas le mettre au même niveau que l’écriture. Et puis j’ai eu le malheur de perdre le manuscrit d’un recueil inachevé de poèmes. Bref, j’ai envie de prendre un peu de recul et mûrir (m’assagir ?) À 24 ans, je suis encore une vilaine petite fille (rires).

Propos recueillis par #MourchidiMoussafiri

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