Mpanera trano : Viens faire un tour à la maison !
1 juin 2015 - MétiersNo Comment   //   3751 Views   //   N°: 65

A Tana, trouver une maison à louer n’est pas chose évidente. Heureusement que les « mpanera », ces démarcheurs faisant office d’agents immobiliers, sont là pour vous faciliter la tâche. Viviane est en tout cas incontournable si l’on veut s’installer dans son quartier. 

A Nanisana-Iadiambola, Viviane est une figure bien connue. Que l’on cherche à louer un appartement ou une maison, c’est elle que l’on vient trouver en priorité. C’est une mpanera trano (démarcheuse de maison à louer) établie dans ce quartier animé d’Antananarivo depuis une dizaine d’années. « Il suffit de me dire quel genre de maison vous recherchez et pour quel loyer, et je m’occupe de tout. »

La quarantaine, mère de quatre enfants, elle est entrée dans cette profession (complètement informelle) un peu par hasard. Enfin, pas exactement, car c’est quelqu’un qui a le contact facile avec les gens et qui sait un peu près tout ce qui se passe dans son quartier. Un studio, un deux-pièces se libèrent ? Aussitôt elle est au courant via son réseau d’amis, et c’est ce qui lui a finalement donné envie de faire ce métier. Une expression malgache dit d’ailleurs manao vavana mpanera (parler comme une mpanera) pour qualifier ces personnes qui n’arrêtent pas de parler et de s’enquérir de tout ! Une commère, une pipelette, comme vous voudrez !

« Je n’ai pas de fonds de commerce, pas de local, pas de matériel. Je me balade juste dans le quartier et je parle avec mes contacts. C’est comme ça que je sais si quelque chose va bientôt se libérer. » Alors tous les jours, du matin au soir, elle palabre au coin des rues. « Je travaille moi ! », lance-t-elle goguenarde si quelqu’un lui demande à quoi elle passe ses journées. Evidemment, les mpanera sont très mal vus des agents immobiliers ayant pignon sur rue. D’aucuns parlent de concurrence déloyale. On les comprend ! Le mpanera fond comme une pie sur l’appartement à louer et s’enfuit à tire-d’aile avec sa commission… ce qui s’appelle retirer le pain de la bouche ! Mais pour ses clients, propriétaires ou locataires, c’est souvent la solution la plus rapide et la moins chère, le démarcheur informel n’empochant son pourcentage qu’une fois l’affaire conclue (en général, la moitié du loyer mensuel de la part du locataire)

A chaque visite de maison ou d’appartement, Vivianne fait aussi payer un droit de regard de 4 000 Ar que l’affaire se fasse ou non. A raison de deux visites en moyenne par jour, elle est au moins assurée de jamais rentrer les mains vides. Les aubaines existent, comme ces maisons à un million d’ariary ou plus qu’elle parvient à faire louer, mais ce n’est pas tous les jours. Bref, Viviane ne se plaint pas. N’ayant jamais fait d’études, sachant à peine lire et écrire, elle gagne mieux en tout cas qu’une petite employée de magasin et au moins elle est son propre patron. Bref, si vous la voyez traîner devant une épicerie ou une gargote, en train de pérorer des heures et des heures sous le soleil, sachez qu’elle est en plein effort et que pour elle : time is money… 

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