Mouzamildine Youssouf : « Chez nous, le touriste se sent en sécurité ! »
30 avril 2018 - Comores DiasporaNo Comment   //   2095 Views   //   N°: 99

Longtemps laissé-pour-compte aux Comores, le tourisme a repris ses lettres de noblesse et représente désormais un des secteurs clés de l’économie du pays. Directeur de l’Office national du tourisme des Comores(ONTC), Mouzamildine Youssouf nous parle de l’évolution de ces dernières années. Décryptage

Où en est le tourisme dans l’Union des Comores ?
A l’heure actuelle, le secteur est encore peu développé, mais nous pensons pouvoir rattraper le retard enregistré sur nos voisins de la sous-région. Notre croissance moyenne de 12 % par an place les Comores dans le peloton de tête des performances africaines en ce domaine. En 2016, les Comores ont reçu 26 000 touristes provenant essentiellement de l’Europe (57 %) et de l’Afrique (31%). Globalement, la demande touristique a évolué en dents de scie pendant la dernière décennie, mais avec une tendance à la hausse soutenue par le marché africain, notamment la Réunion et Mayotte. En valeur absolue, ces départements français d’outre-mer ont représenté, en 2016, 68 % de la demande dite « africaine ». La France métropolitaine reste également le premier marché depuis plus de dix ans et a représenté 47 % des arrivées en 2016. La somme totale des arrivées en provenance de la France métropolitaine et outre-mer représente donc 69 % de la demande comorienne pour 2016,

ce qui fait de la France le noyau des arrivées internationales aux Comores avec près de deux touristes sur trois.

Quel est le profil du touriste moyen aux Comores ?
La clientèle touristique à but familial et personnel est dominante. Il s’agit pour l’essentiel de visiteurs d’origine comorienne, résidant en France, à Mayotte et à la Réunion. La clientèle de visite qui avait fortement baissé en 2009 à cause de la catastrophe du vol de la compagnie Yemenia reprend progressivement. Elle représentait 59 % des arrivées touristiques en 2010, contre 39 % en 2009. En revanche, la clientèle de loisirs et de détente a fortement décliné. En 2010, elle ne représentait plus que 15 % du total des arrivées touristiques internationales. On assiste donc à une régression considérable de la clientèle qui séjourne dans le cadre de forfaits touristiques achetés auprès de tour-opérateurs internationaux et qui pourrait représenter un apport en devises et en rentrées fiscales et douanières importantes. La clientèle d’affaires a connu, elle, un léger déclin. Elle représente en moyenne 21 % du total des arrivées. Cependant, cette clientèle est irrégulière et fluctue en fonction du climat économique et de la situation politique. Le montant des frais de visa d’entrée des étrangers aux Comores est passé de 60 à 30 euros. Cette baisse devrait permettre d’attirer plus de touristes étrangers.

Quels sont les potentialités des Comores ?
Les îles de la Lune disposent de nombreux éléments naturels et culturels qui, une fois exploités, offriront un marché touristique original et diversifié. Il y a les sites archéologiques, les médinas, les fortifications, les sépultures, les édifices religieux ou liés aux sultanats. Sans oublier le patrimoine identitaire avec quantités de festivités rythmant la vie culturelle. La cuisine locale est intéressante par la fraîcheur et la qualité de ses produits. Les activités sportives s’adaptent à l’offre naturelle : plongée sous-marine en milieu marin côtier, pêche au gros au large, randonnées en montagne. Enfin le tourisme de bien-être a son potentiel avec les massages réputés de l’archipel.
A cela s’ajoute que Les Comores obtiennent facilement la palme du pays où le touriste se sent le plus en sécurité, une sécurité totale qu’on ne ressent nulle part ailleurs. Si la précarité, voire la pauvreté matérielle, est évidente aux Comores, vous ne verrez pas de mendiants dans les rues et les vols sont très rares. Pour autant, on voit qu’il reste beaucoup à faire pour valoriser tous ces atouts. L’emploi touristique est très faible, par exemple, vu le petit nombre de structures touristiques. L’ensemble des emplois peut être estimé, à ce jour, à environ 500 pour l’ensemble du secteur (hôtels, restaurants, agences de voyages et réceptifs locaux).

Propos recueillis par #MourchidiMoussafiri

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