Mohamed Charafaine : « Rabearivelo m’inspire »
Né en 1995 à M’ramani, sur l’îe d’Anjouan, Mohamed Ben Charafaine est un jeune poète comorien résidant actuellement à Antananarivo. Il vient de sortir « Complaintes », son premier recueil, où il dénonce sans complaisance les maux qui gangrènent le continent africain. A commencer par son pays.
Pourquoi l’écriture ?
J’ai eu une enfance fermée, plutôt solitaire, pas une enfance joyeuse. Pas beaucoup de rires. J’étais comme préoccupé et personne ne voyait ce qui me préoccupait. Il y avait en moi quelque chose qui me disait qu’il y a un monde que je dois découvrir, mais je ne savais pas quoi. Tout cela m’inspire aujourd’hui… J’écris pour comprendre ce que j’ai sur le cœur. Surtout la politique. Lors de mes 11 ans, il y a eu des élections présidentielles aux Comores, je vivais un malaise intérieur qui semblait refléter ce que vivaient les gens autour de moi. C’est très étrange la poésie !
Pourquoi « Complaintes » ?
Ce sont des plaintes, des textes douloureux. C’est tout ce que je vois et ressens en tant qu’Africain et Comorien.
Les bains de sang, les chasses à l’homme, les morts barbares… Le recueil se divise en deux volumes : il y a « Vos armes si lourdes » écrit à partir de 2011 au moment des révolutions en Afrique et « L’Étoile frileuse retournera », écrit en pensant à mon île sœur, Mayotte, française dans le territoire comorien, dans l’espoir qu’elle nous revienne…
La Grande Ile ?
Je suis arrivé à Madagascar en 2013 pour mes études. Je suis entré à l’Université de Tananarive en sociologie et actuellement je prépare un master en développement local. Parallèlement à ma formation universitaire, j’ai découvert l’œuvre du poète malgache Jean Joseph Rabearivelo. C’est sous l’influence cette grande figure de la littérature malgache que j’ai pris l’initiative d’écrire à la fois en français et en shikomori, ma langue maternelle. J’espère que nos enfants et petits-enfants apprendront cette langue maternelle comme ils le font avec le français.
Tes projets ?
Mes projets en tant qu’écrivain ne sont pas encore fixes, J’ai plusieurs travaux poétiques en cours, en français et en shikomori, qui attendent un éditeur. Voilà.
Propos recueillis par #MourchidiMoussafiri
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