Michèle Ramahalison : 50 bougies malgaches !
24 avril 2017 - Cousins-cousines DiasporaNo Comment   //   3219 Views   //   N°: 87

24 mai 1967. La décision de Michèle est difficile, mais son billet d’avion dans la main, envoyé par son bien aimé de Tana, la pousse à faire le pas. Tout quitter, Paris, sa famille, pour Madagascar, cette île lointaine dans l’océan Indien qu’elle ne connait pas. Michèle fête cette année ses 50 bougies de souvenirs accumulés à Madagascar.

Michèle rencontre Bernard Ramahalison à Paris. Il fait alors ses études d’ingénieur topographe, puis rentre travailler à Madagascar. L’amour est entretenu à distance par courrier, Michèle est invitée à le rejoindre. La famille malgache et la famille française ne souhaitent pas cette union. Un évêque malgache sera même missionné pour aller dissuader Michèle et sa famille en France. Pourtant, le 24 mai 1967, Michèle monte dans le seul avion du mois qui dessert Madagascar depuis Paris, avec seulement cinq autres personnes à son bord…

Son angoisse est dissipée dès son arrivée, Bernard est bien là. Il l’attend à Arivonimano, Ivato n’est pas encore en fonctionnement. L’adaptation pour la jeune fille de 21 ans est immédiate. Elle croque ce nouveau monde, donne naissance à trois enfants et devient l’une des premières jardinières à cultiver les enfants en 1972 dans la « petite école » maternelle de l’Alliance française qui vient d’ouvrir, juste en dessous du palais de la Présidence à Ambohitsorohitra. Les années 1970 sont formidables pour elle, une époque où les élites réunionnaises viennent se former à l’école St Michel dans la prestigieuse capitale de Madagascar.

Bernard est amené de par son travail à sillonner Madagascar sur des missions de plusieurs mois. Michèle et ses enfants le suivent, mettant la jeep familiale sur le train pour les « belles villes propres » d’Antsirabe ou Tamatave. La vie en bivouac dans la nature avec ses enfants, la pêche, la chasse à la sarbacane, sont des moments inoubliables, tout comme l’épisode du crocodile ramené dans le coffre de la jeep par son mari, et installé dans la baignoire de la demeure familiale pendant quelques jours.

Respectueuse de tous les codes culturels de sa nouvelle patrie, elle accepte d’être écartée des parties de pêche et de baignade à Mahajunga, réservées à ses enfants et son mari, découvre les secrets de l’orientation des maisons traditionnelles des hauts plateaux, allume une bougie à l’extérieur de la maison à la disparition d’un proche…

Michèle arrive à La Réunion en 1984, son fils renvoyé de l’école française doit suivre ses études ailleurs. C’est à partir de ce moment qu’elle apprend à vivre entre les deux îles, sans son mari pour la partie Réunion : il est interdit de sortie du territoire par crainte de la fuite des élites. A l’âge de la retraite, Michèle décide d’ouvrir la crèche « L’âge tendre » à Tana, devenue « Douce enfance ». De ses 50 années passées à Madagascar, elle ne regrette rien de ses choix et reste attachée à ses racines d’adoption. La métropole ? Un lointain territoire oublié…

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