Depuis longtemps porte-drapeau de l’île Maurice, Menwar est aujourd’hui un emblème de la musique de l’océan Indien aux côtés de Nathalie Natiembé et Jaojoby. Le chanteur mauricien était à La Réunion en juin pour fêter le 10e anniversaire du festival Sakifo.

Il connaît bien La Réunion pour y avoir donné plusieurs concerts. Et c’est la troisième fois qu’il est programmé au festival Sakifo. Chaque passage dans « l’île soeur » est un plaisir : « On sent que les organisateurs sont investis d’une mission, on s’y sent bien. » Le vendredi 6 juin sur la scène Salon Bal du Sakifo, Menwar a présenté son trio Trwa 5 Sous (en référence aux trois pièces cinq sous sur la ravane), accompagné du guitariste Christophe Arles et du percussionniste Kerwin Castel. À son habitude, Menwar envahit la scène.

Sa voix cogne et ses pas de danse enthousiasment le public. Impossible de ne pas bouger sur sa musique. On y retrouve des influences diverses de l’Afrique australe. Il joue la sanza, la maravanne (kayamb) et le dzendze ya shitsuva mahorais, des instruments que l’on voit peu (ou plus) chez les autres musiciens de l’île Maurice.

Comme sa musique, ce soir le public de Menwar est une mosaïque de l’océan Indien : Malgaches, Mauriciens, Mahorais et Réunionnais dansent, chantent et l’applaudissent. « Les îles de l’océan Indien ont une identité commune, un même sens rythmique, le tempo 6/8. » Menwar aime ces métissages.

Dans son propre pays, il est parvenu à créer des rencontres qu’on pensait improbables. « On a toujours cru qu’un ségatier ne pouvait jouer avec un jazzman. Mais nous avons cassé ça avec Ernest Wiehe. » Menwar ne se limite pas à ce petit territoire. « Quand j’entends une mélodie, peu importe d’où elle vient, si elle m’attrape, elle devient une référence. »

Il a collaboré avec le pianiste cubain Omar Sosa ; au BT Music Festival, à l’occasion des J.O. de Londres, il a accompagné le guitariste malgache Modeste Hugues aux côtés du Seychellois Russel Esther, de la Capverdienne Nancy Vieira et du Santoméen Mesaro Soares. Récemment, on l’a retrouvé sur le titre Zetwal du dernier album de Lo’Jo. Le Sakifo 2013 leur a même permis de jouer cette chanson pour la première fois en live. Celui que Jaojoby appelle « mon ami » sera au Paleo Festival le 27 juillet prochain

Stéphane Huët