Maromby : La cuvée du monastère
22 avril 2012 - Escales EscalesNo Comment   //   5202 Views   //   N°: 27

Réputés pour leurs vins et leurs apéritifs, les moines trappistes de l’abbaye cistercienne de Maromby, à quelques kilomètres au nord de Fianarantsoa, viennent de terminer les vendanges de leur cinquante-troisième cuvée.

Ce matin, frère Christian est détendu et souriant : avec l’aide de toute la communauté et d’une dizaine d’ouvriers, il vient d’achever les vendanges des six hectares de vignes que possède le monastère de Maromby. Responsable de l’entretien du vignoble, il est fier de sa récolte : « Nous avons obtenu 32 tonnes de raisins, c’est 25 % de plus que l’an passé. À cinquante ans, notre vigne est toujours vaillante et nous avons vendangé pour la première fois sur un hectare planté il y a deux ans, où le raisin est plus sucré. »

Frère Christian est l’héritier d’une longue tradition trappiste de production d’alcool. « C’est un travail manuel exigeant, qui nous permet de gagner notre vie, » explique le père supérieur. Si la maison mère du monastère établie dans le Nord de la France produit de la bière, 

la fille malgache a choisi le vin : « En 1958, quand la communauté a acheté le terrain aux jésuites, il y avait déjà un hectare de vigne en assez bon état, continue le père Marc-André. Comme la communauté avait besoin de vin de messe, un des pères fondateurs, issu d’une famille de négociants en vin, a repris l’exploitation en main ». 

Le cépage existant, l’Isabelle, à la réputation sulfureuse (il rendrait fou une fois vinifié !), disparaît progressivement et cède la place à des cépages hybrides plus classiques : le petit Vouschet pour le rouge et le Couderc 13 pour le blanc : « il ne nous reste que quelques rangs d’Isabelle, on les garde comme raisins de table car cela fait partie de l’histoire du monastère ».

Ils sont maintenant quatre moines, tous Malgaches, à consacrer leur temps de travail au vin – 

de l’entretien de vignes à la vente des bouteilles. Frère Lucien, en bleu de travail et les mains rougies par le raisin, est chargé de la vinification : dans la cave, entre les cuves en béton et les fûts de bois, il contrôle attentivement la fermentation du jus pressé il y a quelques jours. Température, taux de sucre, taux d’alcool, tout est soigneusement consigné au quotidien afin d’obtenir « un vin rouge un peu boisé et un vin blanc sec pommadé ». Formé en Avignon en 2004, il cherche à perpétuer le savoir-faire que lui ont légué les fondateurs.

« En 2003 nous n’avons pas pu vendre notre vin parce qu’il piquait. Maintenant, ce n’est pas un grand cru, mais il a trouvé sa clientèle, qui semble satisfaite. » La clientèle, c’est le domaine de frère Timon, présent tous les jours au magasin du monastère. « Nos premiers clients sont les églises, qui se fournissent en vin de messe directement ici. Et nous livrons aussi les magasins de la ville où le vin rouge et les apéritifs ont plus de succès ». Produit et vendu par le monastère, le « vin des bons pères » semble avoir trouvé sa vocation. 

#BénédicteBerthon-Dumurgier 

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