Marofaly : Esprit de famille
8 avril 2012 - CulturesNo Comment   //   1349 Views   //   N°: 27

Luthier d’exception, créateur du mythique groupe Fafa dans les années quatre-vingt-dix, Jules Marolafy a transmis le virus de la chose bien faite à ses enfants Jules, Gilbert et Joséphine. Un trio tout en kabosy et valiha où fuse l’esprit des Hauts Plateaux, mêlé à d’étranges réminiscences de Bob Marley…

À Ambositra, tout le monde se rappelle de Jules, le patriarche des Marofaly. Pas seulement un luthier accompli, également le fondateur de Fafa, groupe phare des Hauts Plateaux des années quatre-vingt-dix. Kabosy, valiha, violon malgache… Jules a tout appris à ses enfants. À commencer par Gilbert et Jules, ses aînés, aussi jumeaux que peuvent l’être les deux éclisses d’un violoncelle !

Dans leurs gestes plein d’onction, au milieu des copeaux de bois, c’est un peu de la parole de Jules qui affleure : « Dans le kabosy, il y a le choix de l’essence du bois qui est capital, dans la valiha, il y a l’esprit des cordes. Fabriquer son propre instrument, c’est comme porter un habit taillé sur mesure », considère Gilbert, penché sur une valiha en devenir. Son instrument de prédilection dont il tente de renforcer la puissance en y accolant une calebasse en guise de caisse de résonance.

Jules, qui a repris le prénom de son père, est plus porté sur le kabosy, ce qui ne l’empêche de mettre au point d’intrigants modèles de guitares à double manche. Inventif, curieux de tout, il tente également les différentes essences de bois locaux, teste des vernis acoustiques… « Dans la lutherie tout est possible. On peut s’amuser, comme avec un jeu de construction, rajouter des touches, passer de quatre à sept cordes, doubler les manches », explique-t-il.

Et comme leur père, les deux frangins ont attrapé le virus de la musique qu’on joue spontanément dans les villages, en tapant du pied sur le plancher des vaches. Et voici Jules au kabosy, à l’harmonica et à la sodina (flûte) et Gilbert à la valiha, renforcés par la présence, depuis 2008, de leur petite soeur Joséphine (chant, percussions et sourire). L’osmose s’est installée entre eux comme une évidence triangulaire. Un merveilleux condensé des traditions musicales des Hauts Plateaux.

Avec deux albums à son actif, Ny agny aminay (Chez nous) et Rija betsi (Tradition betsileo), le trio Marolafy est doté d’une rare science de la mélodie qu’on capte immédiatement à l’écoute de petits bijoux comme « Soro » tiré du second album. Jules, Joséphine et Gilbert, les « JJG », n’ont certes rien à apprendre d’un autre JJG (Jean-Jacques de son prénom) sur la façon pertinente de faire naître une chanson. Les adaptations de classiques betsileo sont évidemment à l’honneur, mais il y a aussi bien des surprises : comme cette reprise improbable du No woman no cry du grand Bob, joué à la valiha et au kabosy… Un trio vocal d’exception qu’on aura plaisir à voir jouer au Café de l’Alliance d’Antsirabe pendant les fêtes de Pâques, avant leur grande tournée nationale via les Alliances françaises. Qu’on se le dise !

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