Marie Anne, le baobab et le flamboyant
28 mars 2017 - Cousins-cousines DiasporaNo Comment   //   2509 Views   //   N°: 86

Depuis toute petite, Marie Anne est confrontée à sa double identité, aux deux milieux qui lui ont permis d’atteindre sa maturité. Du haut de ses 18 années, elle scrute avec recul les deux mondes qui l’ont façonné, le cœur au pays des baobabs et la raison dans celui des flamboyants.

Marie Anne Jeanjean, Tavaha du côté de maman, a ses origines malgaches du côté de Toliara et Morondava , sa ville de naissance. Elle arrive à l’âge de 4 ans à La Réunion, et retourne vivre quelques années plus tard à Madagascar, toujours dans sa ville natale. Marie Anne baigne donc tour à tour entre deux cultures, s’enrichissant de l’une et de l’autre, même si son cœur reste Menabe. Le contraste culturel, social et urbain est pour elle saisissant entre sa ville actuelle, Saint-Louis de La Réunion, qui compte moins d’habitants que Morondava mais où elle ne se promènerait pas toute seule la nuit.

Son quotidien ? Les rituels tamouls dans le temple d’à-côté, la fumée et les lumières de l’usine de canne, et une jeunesse bien souvent désœuvrée dans les quartiers. Marie Anne ressent ici un manque de liberté, lié aux difficultés de déplacement et à l’ambiance parfois western et saloon de la ville de Saint-Louis. Point de taxi ni de Tuk Tuk Bajaj de jour

comme de nuit, elle sort dépendante de sa famille ou de ses amis. Pour y arriver, Marie Anne a saisi l’importance des études et profite des belles infrastructures du lycée hôtelier. Sa formation en alternance lui a permis de se confronter à la réception, au service en salle, à la cuisine, dans des lieux prestigieux, comme l’Akoya Hotel & Spa, devenu la « référence people » pour toute une génération depuis le séjour de Paris Hilton dans cet établissement.

Mais finalement, c’est son stage au « Baobab Café » de Morondava qu’elle a pu réaliser l’année dernière, qui lui laisse les meilleurs souvenirs. « Tout le monde est formidable, et j’ai l’impression de retrouver ma liberté quand je rentre à Mada », confie-t-elle. Et quand elle parle de cuisine, elle en connaît plus qu’un rayon de supermarché, la tantine malgache. « Ici, tous les fruits et légumes sont beaux, calibrés », mais ils n’en ont que l’aspect…. Même si elle trouve des saveurs dans le « goût péi » réunionnais, sa cuisine préférée se prépare dans les marmites au feu de bois de Morondave, dans le respect des préparations au gré des saisons. Dans son lycée, peu d’initiation à la saisonnalité, on apprend les bases du confit, du flambé, de la mayonnaise et des entremets. Pour Marie Anne, la maturité se trouve dans ce subtil équilibre entre le cœur et la raison, entre le baobab et le flamboyant.

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