Mamy Raboana : À livre ouvert
Depuis 60 ans, l’atelier Raboana à Faravohitra est réputé pour ses travaux de reliure. Trois générations plus tard, les petits-fils du fondateur perpétuent le métier. Comme Mamy Raboana, bien décidé à ne pas tourner la page…
Les livres sont utiles, ce sont des inestimables trésors. Et ce ne sera pas Mamy Raboana et ses frères qui vont vous dire le contraire. Relieurs de profession depuis des années, ces hommes trouvent leur pain quotidien dans ces tas d’ouvrages entreposés dans leurs ateliers à Faravohitra. Ce métier, Mamy l’a hérité de son père, qui l’avait lui-même hérité de son père. « Nous sommes relieurs depuis trois générations. Tous mes oncles et nombre de mes cousins le sont aussi. Dans notre famille, la reliure coule dans nos veines », confie Mamy Raboana, la trentaine.
À Faravohitra, le nom de Raboana est connu de tous, même des enfants. Trois ateliers portant ce nom sont actuellement ouverts dans le quartier. Le tout premier qui appartenait à l’arrière grand-père de Mamy, date de 1957, presque 60 ans. Le travail de ces artisans consiste à restaurer les livres en assemblant leurs pages dans de nouvelles couvertures en cuir, similicuir, toile ou autres tissus. « Avec un nombre minimal de trois par jour à restaurer, les Bibles arrivent en première position. Les autres bouquins se font plus rares depuis quelques années, c’est sans doute lié à l’arrivée des smartphones et des tablettes », soupire Mamy qui avoue toutefois ne pas être un bibliophage. « Les livres, je les aime surtout quand ils ont besoin d’être restaurés », ironise-t-il. Mamy, regardant son père travailler, est tombé dans ce métier comme Obélix, quasiment dans la marmite.
Perpétuant une tradition qui se transmet de pères en fils, chez les Raboana on utilise encore les techniques traditionnelles de reliure et les outils employés par le grand-père il y a 60 ans. « On peut encore faire des merveilles avec », souligne Mamy, accoudé à une presseuse manuelle datant des années 1940.
La clientèle est en tout cas ravie. « On m’a fait une couverture neuve en cuir pour un mémoire anthropologique sur l’origine des Mérinas, avec écrit dessus en caractères dorés le titre et le nom de l’auteur. L’ouvrage est comme neuf, je vais le lire de nouveau », confie un érudit qui n’aura payé que 75 000 ariary pour ce travail d’artiste. Le tarif change évidemment en fonction du format de l’ouvrage et du tissu commandé. Heureux dans son métier, qui reste malgré tout un métier à la page…
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