Maevatanàna
11 novembre 2012 - EscalesNo Comment   //   4905 Views   //   N°: 34

Une pause déjeuner dans la capitale de la région Betsiboka est incontournable dès lors que l’on se rend à Mahajanga. Maevatanàna héberge également bon nombre de voyageurs en provenance ou à destination du Nord. Tous ces visiteurs ignorent souvent les attraits des alentours de cette ville « far-west »..

Les chutes de la Betsiboka qui enjambent un immense pont métallique dont le passage devient de plus en plus aventureux, sont bien connues de tous ces voyageurs en direction de la côte Ouest ou de la région Diana. Il conviendrait cependant de prendre le temps de se promener sur les collines qui surplombent ce fleuve impétueux. De quelques hauteurs, on englobe un paysage magnifique : le bleu du ciel, le vert profond d’imposants manguiers, le rouge de la terre charriée par de vifs courants.

En saison des pluies, c’est à un véritable spectacle « son et lumière » auquel on peut assister. Bien moins connues, les chutes de l’Ikopa présentent un tout autre décor. À une vingtaine de kilomètres au Sud de Maevatanàna, après avoir parcouru un tronçon de la RN4 puis une piste encombrée de zébus, chèvres, oies et maints autres volatiles, on arrive sur une belle plage alluvionnaire, véritable port fluvial où s’entassent des marchandises qui viennent de traverser ou s’apprêtent à franchir le fleuve.

Nous avons conclu avec deux adolescents, la location d’une pirogue, mais surtout celle de… leurs bras. En cette saison sèche, le fleuve est peu profond et c’est en poussant vigoureusement de grandes perches de bois que ces deux jeunes gaillards vont nous propulser, en une vingtaine de minutes, au pied des chutes de l’Ikopa. En dehors du chaos rocheux, régulièrement submergé par les flots, ces chutes débouchent sur de grandes plages de sable de rivière.

Il est possible de s’y baigner ce qui peut s’avérer fort agréable au sein de cette région réputée être la plus chaude du pays. Nous redescendons le fleuve qui s’élargit rapidement. Sur les berges et leurs îlots sablonneux, quantité de hérons et de canards y séjournent. Il nous faudra taper bruyamment sur les bords de notre pirogue pour que des centaines de ces gallinacés acceptent de nous offrir le spectacle de leur envol.

Les petits orpailleurs et leurs « chapeaux de chinois » finissent leurs journées, quelques grammes de métal jaune en poche qu’ils vont s’empresser de revendre à Maevatanàna aux collecteurs, nombreux à fréquenter la région la plus aurifère du pays. Retour au soleil couchant vers notre lieu d’embarquement. D’une vieille barge, de jeunes enfants plongent dans le fleuve. Un peu à l’écart de cette « piscine municipale » improvisée, des adolescents profitent, eux aussi, de la fraîcheur relative du soir sur les berges de l’Ikopa.

Nul doute que ce sont sur ces rives qu’ils connaîtront leurs premiers émois amoureux… Avant de retourner sur Maevatanàna, nous admirons le soleil qui va docilement se blottir à l’horizon dans quelques méandres rougeoyants du fleuve. Instant propice à la méditation : le fleuve s’endormait et j’en oublie le nom…

Texte et photos : Richard Bohan

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