Les associations malgaches à La Réunion, soucieuses de partager leur culture avec le plus grand nombre, se sont approprié le pique-nique traditionnel réunionnais comme moyen de médiatiser leurs actions. Christian Aho-Nienne a réussi à réunir 400 personnes un dimanche midi. Un événement qui annonce une nouvelle ère de l’interculturalité ? 

Le pique-nique familial du dimanche en bord de mer est une véritable institution à La Réunion, tout comme les dîners dansants. Les associations, à l’écoute des habitudes culturelles de leurs adhérents, utilisent de plus en plus ce type de rencontres pour faire entrer un peu d’argent dans les caisses. Christian Aho-Nienne est président de l’association Mada OI depuis 8 ans. Réunionnais d’origine chinoise, il s’applique à l’enseignement professionnel et technologique au sein de la Fondation des apprentis d’Auteuil. Pour lui, plusieurs facteurs ont permis de réunir 400 personnes sur un repas payant en plein air. La présence d’artistes fait partie du rituel de l’association, qui allie culture et nourriture : ambiance séga avec Sandrya, Tiana, et des artistes réunionnais comme Paël et Aubin, qui se produisent tour à tour sur le sable, perpétuant la tradition du Bal la poussière (en plein air) évoquée dans l’une des chansons de Rolland Raelison. La vocation humanitaire du projet Pama (Plan d’actions pour le développement des mobilités actives), au profit des enfants d’Ambohidratrimo (en banlieue de Tanà), participe aussi à la notoriété de ce pique-nique qui a lieu trois fois par an.

Jusqu’ici, tout reste plutôt conforme à de nombreuses rencontres associatives à vocation culturelle et humanitaire organisées sur l’île. La présence des musiciens et du chanteur du groupe mahorais Les Vikings de Labattoir, ainsi que des danseuses en tenue traditionnelle de Mayotte, annonce pourtant une nouvelle ère dans le monde associatif, celle de l’interculturalité. Mada OI vient de contractualiser un accord de partenariat avec la Fédération communautaire de l’océan Indien, se traduisant par la présence d’associations mahoraises qui défendent également l’idée d’un espace géographique et culturel d’identité indianocéanique. Le rassemblement pour un meilleur rayonnement des minorités culturelles ne constitue pas une idée nouvelle et les actions concrètes restent rares. Thématique et affaire à suivre, puisque 22 associations malgaches sont également en train de constituer un collectif à La Réunion, passant outre les clivages provinciaux d’antan. 

#JulienCatalan