L’homme imparfait (suite et fin)
21 mars 2018 - GaysyNo Comment   //   1164 Views   //   N°: 98

Ce baiser a le goût d’un fruit sauvage, si particulier qu’il m’est resté longtemps imprégné dans la tête. Pourtant ce n’est pas la première fois qu’ on s’est embrassés Saholy et moi, mais celui-là m’a vraiment marqué. Je m’en rappelle encore, comme une sorte de décharge suivie d’un soulagement intense à un moment donné. Elle a commencé par me regarder tendrement. Son regard plongé dans le mien me décrit un bel avenir. Un regard subtil rempli de promesses. Sans un mot, j’ai posé mes lèvres sur les siennes. Un autre langage s’est créé à partir de là, écrit avec notre propre langue, au sens propre du terme, répondant d’une autre manière à une partie de notre conversation, juste avant. J’ai perçu d’abord la menthe au premier contact de ses lèvres, ce qui m’a fait souvenir qu’elle fumait des cigarettes mentholées. Elle a fermé les yeux. Et quand j’ai fermé les miens, les visages de mes mecs avec qui j’avais de mauvais souvenirs ont défilé dans ma tête; me rendant presque fou de rage.

Quand Saholy a réagi à mon baiser, j’ai failli mordre ses lèvres, provoquant une certaine pression de son côté. Ce qui l’a rendue plus expressive, plus libérée, plus ardente, plus fragile, plus intense, plus fougueuse que jamais. J’adore embrasser Saholy. Ses lèvres sont pulpeuses, et la couleur de son rouge varie le plaisir de me laisser chavirer dans cette rivière de parfums qu’elle change selon son humeur. Son baiser arrive à déclencher en moi un plaisir incomparable. Notre amourette d’enfance est remise à jour avec une petite dose d’adultes. Et comme si le temps ne nous avait rien pris à Saholy et moi, nous avons pris la décision d’emménager ensemble chez moi.

Je me suis rendu compte que j’avais rempli les critères pour mener une vie de couple avec une femme. Nous avons pu mettre en place quelques projets d’avenir. On s’entendait bien sous tous les rapports. Je la sentais épanouie et rassurée. Elle m’a même avoué que j’étais passé maître dans ma façon de lui faire l’amour avec mon côté très imaginatif et une endurance hors du commun… Nous sortons de nos ébats tout en sueur et totalement épuisés. Selon ses dires, elle a pu atteindre l’orgasme maintes fois avec moi, contrairement à ses ex. Pourtant de mon côté, une chose ne tourne pas rond. Je peux bien démarrer l’acte sexuel, mais j’ai du mal à le finir comme il faut. Ce qui explique ce temps relativement long pendant l’action.

Cette situation m’a considérablement frustré dès je l’ai remarquée. Il a fallu trouver une solution parce que je sentais Saholy au bout de ses forces. S’arrêter net et sans éjaculation pourrait la vexer et moi aussi d’ailleurs. Feindre la jouissance m’aurait semblé dérisoires. Je commençai à paniquer et ce fut à ce moment précis que j’ai eu le culot de penser à Faly, cet ami d’enfance sur qui je fantasmais depuis des années et que j’ai perdu de vue. J’imaginais le corps de Faly dans les moindres détails, jusqu’à en ressentir sa présence. Cette pensée étrange a finalement mis en branle le mécanisme de la jouissance.

Ce simulacre m’a aidé à accomplir mon devoir « conjugal » sans trop de peine. Je l’ai gardé secret, sans jamais en parler à Saholy. Pourquoi aller chercher la petite bête qui pourrait tout foutre en l’air, pour une situation pas si dramatique que ça, après tout ? Au fil du temps, notre situation financière s’est améliorée. On a officialisé notre union par un mariage exceptionnel. Pour ma part, j’aurais voulu avoir Faly pour être mon témoin de mariage. Nous nous sommes lancés à sa recherche sur les réseaux sociaux, mais on ne l’a pas trouvé. L’événement s’est fait sans lui. Les jours ont passé. Saholy était enceinte d’un petit garçon. A sa naissance, j’ai prénommé mon fils Faly.

par #Von

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