Lewiky
14 novembre 2014 - MusiquesNo Comment   //   2472 Views   //   N°: 58

Jijy l’amoroso

Avec un premier album intitulé « Tsisy ahiahy » (Plus de doute) sorti en septembre dernier, Lewiky impose un style roots très original, relevé de jijy sakalava. Un art oratoire traditionnel du Nord-Ouest qu’il considère comme l’ancêtre du rap…

Avec ses dreadlocks, on pourrait croire que Lewiky est fond dans les rythmes jamaïcains. Détrompez-vous !  Il fait partie de ces artistes  à multiples facettes qui peuvent fusionner tous les styles musicaux, du blues au salegy, en passant par le funk, le ragga dance hall et incidemment le reggae. Des musiques qui traduisent des cultures, et c’est d’abord cela qui l’intéresse quand il se penche sur un rythme : un certain coup de l’authenticité. Atypique parmi les artistes de sa génération, il laisse également une large place à l’improvisation, et c’est bien la singularité des huit titres de son premier album Tsisy ahiahy (Plus de doute).

Jijy boka @fo , Salama gasikara et Tonga ont été enregistrés en live avec le groupe Voots Kongregation composé de Rolf à la basse, Naday à la guitare, Julie Ratefy au clavier, Jonjon à la batterie et Imiangaly au chœur. Normal, il fait lui-même partie de cette formation, depuis sa création, il y a deux ans. « On n’a pas choisi de créer spécifiquement tel ou tel morceau, en fait tout est partie des improvisations sur scène », souligne-t-il. Ce premier opus est d’abord le résultat d’une foule de questionnements sur sa vocation d’artiste, avec cette réponse finalement donnée dans le titre :  « Je suis aujourd’hui sans doute quant à ce que je veux faire. Je sais où est ma place dans le paysage musical actuel, et cela je le dois à cet album et à mon travail avec Kongregation. »

Curieusement, Lewiky  a commencé dans le hip hop en évoluant  avec un groupe dénommé Blakos. Puis son univers musical s’est élargi, tout en basculant dans l’acoustique. Et le résultat, ce sont ces sonorités très world music qu’il marie avec bonheur au jijy sakalava, un chant malgache traditionnel qui se pratique dans les cérémonies  du Nord-Ouest depuis au moins cinq siècles. 

« Je pense que le jijy est l’une des origines possibles du rap moderne. En tout cas, il rend complètement légitime ce que l’on appelle le rap malgache. Bref, on n’imite pas les ghettos du Bronx, on est tout simplement dans notre tradition.»

Traditionnellement, le jijy sakalava exprime des revendications sociales et Lewiky ne déroge pas à la règle : ses textes interrogent, interpellent,  prennent à partie – donnent en bref sa vision de la vie. « Ma musique est simple et engagée; elle se partage comme l’eau et la nourriture. » Vitale en somme. Et un bonheur n’arrivant jamais seul, un  second album de 16 titres est déjà en  préparation,  avec mixage prévu en Suisse. Décidément, Lewiky ne doute de rien !

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