Lettres de Lémurie
4 janvier 2016 - Cultures LivresNo Comment   //   1856 Views   //   N°: 72

Laurence Ink, Un zébu léchant les pierres, recueil de nouvelles
no comnment© éditions, Antananarivo, 2015, 115 p. 

On connaît l’auteure par sa biographie romancée de Jean Laborde (Chants de corail et d’argent, Robert Laffont, 2001) et par sa contribution à une meilleure connaissance des géants de Lémurie (Jean Paulhan, Lettres de Madagascar, édition établie, annotée et présentée par L. Ink, éditions Claire Paulhan, 2007, ou encore Jean-Joseph Rabearivelo, Œuvres complètes, coord. L. Ink, S. Meitinger, L. Ramarosoa, C. Riffard, CNRS éditions, coll. « Planète libre », 2 volumes, 2010-2012).
Sollicitée par Alexis Villain, alors rédacteur en chef de no comnment©, Laurence Ink se met au récit court et nous offre ce recueil de 13 nouvelles, dont une éponyme, « Un zébu léchant les pierres ». Des récits croqués sur le vif, des rites vécus dans l’intime, des réunions de famille, des pérégrinations solitaires, avec pour cadre : divers endroits à Madagascar avec ses 4×4 et ses 4L, les premiers rutilants, les secondes bringuebalantes, ses Vazaha et ses Gasy que l’auteure ne distingue pas forcément.

Elle brosse des gros plans au cœur de la vie des gens, une femme qui se perd et qui retrouve par hasard une partie de ses origines, A la croisée des chemins, un homme et une femme qui s’éloignent l’un de l’autre, Lieu commun, une famille qui se prépare à ouvrir un tombeau commence par proférer les non-dits, La porte ouverte, etc.
Tout en traduisant ensuite dans sa langue la réalité des personnages, les autres observés, elle garde un recul que permet sa propre altérité. Et cette interculturalité permet, d’une part, de donner sens à ces récits décalés et, d’autre part, de nourrir un humour discret toujours respectueux.
A dwizernews.com elle répondit : « J’ai toujours essayé, et j’essaie tous les jours, de comprendre des réalités qui ne sont pas les miennes dans une attitude de bienveillance et de neutralité. Ce qui m’intéresse, c’est justement pourquoi, comment l’Autre, dans SA vérité à lui, agit, pense, voit le monde. »
« J’écris, poursuit-elle, avec le sentiment d’être une caisse de résonnance que la différence emplit d’échos, échos que je cherche à retranscrire. Comme si ce qu’il y a d’unique dans cette rencontre entre une réalité (véritable ou imaginaire) et une sensibilité était ainsi sauvée de l’oubli. Et partagée. »
Et je ne peux que me joindre à elle quand elle dit : « Ecrire (et lire), c’est se donner l’illusion de vivre plusieurs vies. »
A la fin, « je ferme mon livre. Il est tard déjà, je vais rentrer chez moi ».
Lémuriquement vôtre,

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