Les raisons de la colère
29 août 2017 - Fanahy gasyNo Comment   //   1245 Views   //   N°: 91

« Ny tendrim-po tsy mba namana », la colère n’est pas une amie, clame ce dicton des « Ntaolo » (Anciens) qui rejoint par là une foultitude de proverbes. Ne dit-on pas aussi que « la colère est mauvaise conseillère » ou qu’elle est « aveugle » ?

La colère – l’ire pour parler comme à l’Académie – est cette perte de contrôle de soi, annonciatrice le plus souvent de comportements violents en actes ou en paroles, ou les deux à la fois. « Si tu continues comme ça, je vais te f… mon poing sur la g… » est par exemple une manifestation de colère, qui pourra être suivie, selon le contexte, d’un saignement de nez ou d’un oeil au beurre noir.

« La colère est une maladie de l’âme qui s’enracine dans l’impatience et l’orgueil », dit cet autre proverbe. Bien vu, encore que l’impatience ne figure pas parmi les sept péchés capitaux. La colère, si ! Plus exactement en deuxième position, entre l’avarice et l’envie. C’est dire sa nature peu recommandable, bien qu’il existe aussi une « sainte colère » selon cette même tradition. On peut remarquer que la colère est comme les affiches Benetton… de toutes les couleurs. Elle peut être noire, blanche, rouge selon son intensité. Les Asiatiques eux ne se mettent jamais en colère ; en revanche ils « rient jaune », c’est bien connu. Dans le règne animal c’est le hérisson le plus colérique car toujours prompt à se « mettre en boule ».

On dit d’une personne portée à la colère qu’elle est « soupe au lait », c’est-à-dire semblable au lait arrivé à ébullition, qui déborde de la casserole. On dit aussi qu’elle part au quart de tour, qu’elle pète un câble, un boulon, un plomb, bref qu’elle disjoncte. Avec toutes les conséquences à redouter, car comme le dit ce proverbe teuton : « Qui agit dans la colère, met ses voiles à la tempête », autrement risque de briser son mât et de s’écraser sur les récifs. En clair, avant de se mettre dans tous ses états, dire ou commettre l’irréparable, mieux vaut réfléchir aux conséquences.

D’où cette recommandation des Ntaolo : « Avadiho im-pito ny lela vao miteny », traduction du fameux « le sage tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler », attribué dans la Bible à Salomon. Ou cet autre adage des Anciens qui nous dit que : « le regret n’arrive jamais avant pour nous avertir, mais toujours après pour nous blâmer » A se demander après, mais trop tard, s’il n’aurait pas mieux valu se taire, en se rappelant que « Ny mangina volamena », « le silence est d’or ». Mais c’est en Mandchourie que nous emprunterons, pour une fois, le mot de la fin : « Ne t’abandonne pas à une vaine colère ; le soleil se couche chaque jour à l’occident ». Autrement dit si l’on te provoque, laisse pisser le mérinos.

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