Le fihavanana : qu’en reste-t-il ?
24 mai 2016 - Fanahy gasyNo Comment   //   3735 Views   //   N°: 77

« Ny fitia mifamaly no maha tsara fihavanana. » : L’échange de sympathie conforte les liens.

Le fihavanana, littéralement en français, la parenté. On dit que la pratique de cet aspect relationnel malgache nous distingue des autres peuples. Malheureusement il faut avouer que nous n’avons pas su garder ses valeurs morales et culturelles, comme les échanges de sympathie et de bienveillance, au sein de la communauté, telles que les Ntaolo (Anciens) les avaient instituées.  

D’abord, essayons de définir ce qu’on appelle le fihavanana. La traduction complète du mot comprend bien des nuances (que vous allez découvrir ci-dessous), selon les circonstances et le contexte, mais on peut toujours relever communément les sens de lien et de bonne relation. En fait, il ne s’agit pas de lois ni de contraintes sociales, mais plutôt de recommandations pour bien vivre en société. L’une d’elles préconise de toujours observer la solidarité na an-katsarana na an-karatsiana (dans les bons ou les mauvais moments). On y trouve aussi la notion d’entraide, de prendre soin de son prochain. Et il ne faut pas oublier son sens de réciprocité. Sa vraie pratique ne doit pas être unilatérale sans quoi il perdrait son essence même.

Puis il y eut les échanges de biens, le commerce pratiqué dès ces temps anciens, d’abord avec les Arabes, puis avec les Africains. Même en reconnaissant et en pratiquant cela, les Ntaolo allaient au-delà des échanges marchands pour préconiser une autre façon de voir : Aleo very tsikalakalam-bola toy izay very tsikalakalam-pihavanana (Mieux vaut perdre de l’argent que de perdre une bonne relation), ou encore Ny varotra tsy raikitra tsy maha ratsy fihavanana (Un marché qui n’a pas été conclu ne devrait pas entamer une bonne entente). Pour dire à quel point ce lien affectif passait devant ce lien commercial.

Vinrent enfin les capitalistes, pour qui le commerce ne repose pas sur les sentiments (un gros mot !). Leur vision a vite été intégrée : Ny vola tsy maha mpihavana (Il n’y a pas de lien affectif qui tienne quand il s’agit d’argent). Ce qui a bien changé la notion du fihavanana, l’amenant du don sans calcul au don froid et comptabilisé du atero ka alao, le renvoi d’ascenseur mais au même tarif, à l’Ariary près. Devant cette triste tendance de notre société, et puisque le retour en arrière est impossible, osons croire qu’il existe encore en nous cette chaleur humaine dans nos relations. Sans quoi, ce serait comme si nous avions perdu notre âme. N’est-ce pas aussi votre avis ?
 

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