Le deuxième bureau
4 juin 2012 - FombaNo Comment   //   1622 Views   //   N°: 29

Quel est le point commun entre une femme au foyer et une femme de bureau ? Un homme. Quel bureau fait la différence avec madame ? Le deuxième. Où se réfugie le mari infidèle ? À son deuxième bureau. 

Le deuxième bureau c’est la femme que l’on aurait dû épouser, sauf qu’on s’en est rendu compte trop tard. La place est déjà prise. Votre femme a été plus maligne que bien d’autres. Sauf qu’elle n’a pu totalement contenter l’homme, par nature polygame. C’est sans doute las de la monotonie de la vie conjugale que l’homme se rend à son deuxième bureau pour se reposer puis, de fil en aiguille, se ressourcer et retrouver une nouvelle jeunesse par un bain de jouvence. C’est le rôle d’une maîtresse et, par métonymie, celui du deuxième bureau.

On ne sait pourquoi, mais l’expression a pris son origine dans les provinces. C’est sans doute une chaleur de fournaise qui épuiserait les plus accros au service public. Car le deuxième bureau est une prérogative de fonctionnaire. 

Il faut un bureau où l’on se rend régulièrement pour bénéficier du luxe d’un deuxième bureau où l’on se rend tout aussi régulièrement. « Où est un tel ? – Il est à son deuxième bureau ». Et personne ne s’en offusque. Tout se joue au naturel. À force d’y faire une petite sieste, l’homme a fini par y passer une nuit, et bien d’autres. Le deuxième bureau n’est ni le bureau des renseignements, avec un B majuscule, ni le bureau des pleurs. C’est plutôt le bureau des coeurs fatigués d’aimer et qui, voulant rompre la monotonie de la vie de ménage, trompent leur femme pour, paradoxalement, se reconstruire la même vie qu’avec Bobonne. 

C’est sans doute l’origine de la polygamie si naturelle chez tout mâle bien constitué. L’infidélité n’est pas une tare morale mais traduit un instinct d’abeille qui butine de fleur en fleur tout au long de sa vie. Si tout le monde est fidèle tout le temps, la consanguinité fera disparaître le genre humain. C’est un argument pour le cas extrême de flagrant délit d’infidélité. Une femme bien née ne se rendra jamais chez le deuxième bureau de son mari pour lui chanter pouilles ou pire. Cela fait partie des usages. Un deuxième bureau n’est pas une prostituée, quoi que… il faut tout de même des moyens pour entretenir l’image de marque d’une dame respectable à tous égards. Entretenir une maîtresse relève de toute une éducation. Un mari bien né ne sacrifiera jamais sa femme ni ses enfants pour satisfaire les caprices d’une autre qui pourrait, elle aussi, avoir ses propres enfants.

Car il faut comprendre qu’un deuxième bureau n’est jamais une jouvencelle née de la dernière pluie. Elle vous ruine et vous trompe sans vergogne, sans compter le risque d’un gigolo qui rôde autour. Le gigolo est une figure bien connue du littoral. Le djoumbil est un gaillard qui vit des charmes de sa petite amie et donc sur le dos du monsieur qui, la cinquantaine bien sonnée, croit encore aux mots d’amour de son deuxième bureau. En clair c’est un proxénète, mais aimé par ses jouvencelles jusqu’à en mourir. Le deuxième bureau ne mourra pas pour vos beaux yeux, mais aura les larmes d’une amie qui accompagne un vieux copain au cimetière.

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