Label Bio : Halte à la malbouffe
Bio. Une étiquette qui tend à devenir le Graal pour les consommateurs soucieux d’une alimentation saine. Mais une étiquette à bien savoir décrypter si l’on ne veut pas avoir de mauvaises surprises.
Adjuvants cancérigènes, vache folle, poulets aux hormones, organismes génétiquement modifiés (OGM)… la malbouffe aurait tendance à nous couper l’appétit. Conséquence, des boutiques spécialisées aux grandes surfaces, le bio s’installe peu à peu dans le paysage malgache. Pas une mince contradiction dans un pays où la majorité de la population, avec ses deux dollars par jour, peut difficilement se permettre de faire la fine bouche par rapport à ce qui passe dans son assiette ! « Ce n’est pas une raison pour manger n’importe quoi », plaide cette jeune cadre bancaire rencontrée à la sortie d’un supermarché, sa petite fille de 3 ans juchée sur le caddy.
« Personnellement je préfère dépenser un peu plus pour acheter bio, mais être sûr que cela n’aura pas de répercussions négatives sur la santé de ma fille. »
Pour autant, « acheter bio » n’est pas aussi évident que ça en a l’air, car les tromperies ou imprécisions sur la marchandise sont légions. Exemple courant, l’amalgame qui nous fait confondre « bio » et « naturel ». « Naturel est un pur argument marketing, mais tout est naturel à partir du moment où on le fait pousser et cela ne signifie pas que l’aliment est sain », fait valoir Marie Ponthieu, directrice commerciale et médicale d’Opham (Office pharmaceutique malgache), importateur et distributeur de produits pharmaceutiques. Et de relever que « le produit naturel n’est soumis à aucun cahier des charges, contrairement au label bio qui est régi par des organismes de certification très pointus ».
Pour se prévaloir de l’étiquette bio, le produit doit être garanti d’origine biologique, sans recours aux engrais chimiques ou de synthèse. Les animaux sont ainsi nourris avec des aliments biologiques, soignés par médecines naturelles (phytothérapie notamment) de préférence aux antibiotiques et élevés dans des conditions garantissant un espace vital suffisant et l’accès au plein air.
Des contrôles sévères sont opérés par des organismes agréés qui délivrent la certification « bio » que les fabricants mentionnent ensuite sur l’emballage. Il s’agit par exemple d’Ecocert dont le référentiel ESR (pour équitable, solidaire, responsable) s’applique aux produits alimentaires, cosmétiques et textiles qui répondent à la fois aux critères de l’agriculture biologique et du commerce équitable. Ecocert intervient dans près de 80 pays, dont Madagascar, pour contrôler et certifier que le produit a un impact positif sur l’environnement.
« Vu ce que ça coûte d’obtenir le label, les producteurs n’oublient jamais de l’indiquer partout où ils peuvent », relève Marie Ponthieu. Mais attention aux contrefaçons, car un logo tout ce qu’il y a de plus fantaisiste peut facilement induire en erreur !
« Quand on fait passer pour bio un produit qui ne l’est pas, c’est atroce pour les entreprises qui font l’effort de respecter les normes. Ces pseudo-bio sont vendus cher et souvent présentés sur une étagère en bois pour que ça ait l’air authentique. » Les mentions « sans traitement après récolte » ou « sans pesticides » notamment n’apportent aucune garantie biologique…
Pour les entreprises qui investissent dans le bio, les coûts sont sensiblement plus élevés car chaque étape de l’élaboration du produit est contrôlée de façon très pointue. « Pour un pain bio, il faut justifier que la farine est bio, et si la farine est faite de céréales, il faut prouver que chaque céréale est bio, et ainsi de suite pour les oeufs, le beurre et même l’eau ! » D’où une répercussion sur le prix de vente qui peut être de 20 à 30 % plus cher que le produit standard. Mais il faut savoir ce que l’on veut.
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