La vérité si je mens !
2 décembre 2014 - LifeStyleNo Comment   //   3014 Views   //   N°: 59

Il y a le vilain menteur, le mythomane compulsif, l’escroc qui cherche à tromper. Puis il y a les mensonges nobles. Ceux du kabary par exemple, et sa rhétorique fleurie qui tourne toujours autour du pot. Ceux du poker enfin dans sa version flamboyante et hautement stratégique, le bluff.

Hanitra Andriamboavonjy

« Le mensonge, tout un art  »

« Moi je ne mens jamais, c’est juste que je  ne dis pas toujours toute la vérité. Toute vérité n’est pas toujours bonne à dire. Ou plutôt chacun sa vérité, c’est le début de la tolérance », fait remarquer avec un petit rire Hanitra Andriamboavonjy, la présidente nationale du Fimpima, cercle des pratiquants de l’art oratoire malgache (kabary). Aux vérités blessantes, cruelles et traumatisantes, elle préfère les demi-vérités qui laissent toujours la porte ouverte, « un peu comme les médecins qui ne déclarent jamais que le patient va mourir, même s’il est déjà à l’agonie. » Et cela est tout à fait dans l’esprit malgache, notamment dans le kabary : on ne dit jamais les choses telles qu’elles sont, on passe d’euphémismes en périphrases pour les annoncer, certain que le public recueillera quand même à l’arrivée  la substantifique moelle de la vérité.

 L’art du mensonge en quelque sorte ! « Les mensonges ne servent pas seulement qu’à tromper ou à filouter. On s’en sert aussi pour épargner  l’autre, pour ne pas l’exposer à   une situation embarrassante, porter attient à sa dignité, c’est que l’on appelle parfois les pieux mensonges… » Le mensonge serait donc un humanisme ? « A condition de s’en servir à bon escient. Dans la vie de tous les jours, ma famile, avec  je suis plutôt du genre  direct. » Reste à savoir si c’est vrai !

Salim

« Bluff et adrénaline ! »

Le poker est un jeu de stratégie, de patience, mais surtout de langage non-verbal, entendez par là le comportement, la gestuelle et surtout le bluff. Novices ou joueurs expérimentés savent que le bluff est une technique imparable au poker. C’est même ce qui plaît le plus dans ce jeu de cartes : entraîner son adversaire là ou on a envie qu’il aille, quitte à lui faire prendre des vessies pour des lanternes ! « Le bluff consiste à jouer comme si on avait une main forte alors qu’on a probablement des cartes inférieures à celles des adversaires. Je ne dirais pas que c’est un mensonge, c’est plutôt comme une triche autorisée, en tout cas cela fait partie intégrante du jeu », souligne Salim, gérant de l’Hôtel de l’Avenue où s’organisent des soirées de Poker Texas Hodl’em tous les soirs à partir de 18 heures. 

« Le but est bien sûr de gagner, mais c’est aussi de faire folder (jeter la le main) maximum de joueurs pour augmenter ses chances de gagner. Sur une table de dix joueurs, si tout le monde joue alors qu’on n’a pas soi-même une main forte, on risque de perdre. » 

Une technique tout à fait légale. Au poker, le bluff est donc un mensonge encouragé, mais il ne faut pas croire que ça marche à tous les coups. En fait, c’est à double tranchant. « Les joueurs utilisent deux techniques : le semi-bluff qui consiste à attaquer un coup lorsqu’on est à tirage et le bluff total qui consiste à bluffer avec une main faible. Mais une chose est sûre, il faut savoir bluffer de temps à temps, pas systématiquement. Parce qu’un menteur qui ment tout le temps devient aussi prévisible que s’il disait toujours la vérité… » A méditer !

Pages réalisées par #AinaZoRaberanto et #SolofoRanaivo

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