Kougar: Croqueur de sons
31 décembre 2013 - MusiquesNo Comment   //   3167 Views

n°47

Entre reggae bon teint et ragga dancehall, Kougar délimite sans fausses notes son territoire de chasse : les soirées festives bourrées de samples et de synthés. Une aventure démarrée en 2010, en première partie du rappeur La Fouine, mais qu’il entend bien marquer de sa griffe à l’avenir, à coups de textes d’une  actualité mordante.

Cougar ? On pense à ces lionnes d’un certain âge, pour ne pas dire d’un âge certain, réputées aimer croquer leurs jeunes proies. Eh bien perdu ! Car c’est le nom (avec un k) d’un chanteur et d’un groupe plutôt portés à  croquer du son. Du gros son qui bouge façon ragga dancehall ou raggamuffin, ce mouvement parti de la Jamaïque dans les années 80 et devenu très en vogue dans l’océan Indien, notamment à Maurice et bien sûr dans la Grande Ile. Musique festive par excellence, influencée tout à la fois par le reggae et le hip hop, où samples et synthés jouent un rôle fondamental. C’est très exactement le domaine sur lequel chasse ce Kougar de 25 ans, répondant au  doux nom de Thiera (Thierra Soa Faneva pour l’état civil), fiston soit dit en passant du chanteur Thiera Bruno.

« J’ai commencé en dansant le hip hop et j’ai basculé dans le ragga dancehall après m’être fracturé le bras. Comme je ne pouvais plus danser, j’ai choisi de faire danser les autres. » Son style est donc un savant mélange de reggae roots, de ragga et de hip hop, ainsi que l’illustre son premier double album (rien que ça !) sorti en 2011. La première galette s’appelle Look’Roots, uniquement sur fond de guitares,  et la seconde Rud Boss, plus instrumentale avec des mixtapes (compilation de chansons) très bien pensés. Car Kougar est loin d’être le produit de l’année. Il s’est fait connaître en 2010 pour avoir fait la première partie du rappeur français La Fouine, en collaboration avec deux « parrains » des ghettos américains, Mic G et Dixon Junior. Depuis, Kougar est une espèce de mythe auprès des jeunes branchés qui veulent danser « intelligemment». Ses textes sont en effet toujours très pertinents, en phase avec le quotidien malgache le plis réaliste, ce qui lui a valu de recevoir le deuxième le prix Jeune Talent 2012 lors d’un concours national. « J’en suis fier, car cela prouve que j’ai ma place et qu’on reconnaît mon travail. »

Ses influences sont évidemment très larges : les #musiques jamaïcaines (bien sûr !) comme Morgan Heritage,  mais aussi Selah Sue, Ayo, les #musiques religieuses en général et le kilalaka :  « Le kilalaka, c’est roots, j’écoute ça pour avoir le  feeling ! ». Issu de la scène sound  system (#musiques destinées à l’animation de soirées ou de concerts) , il reste fidèle à ses racines en étant accompagné le plus souvent pas Rafia Sound System. Sur scène, il est accompagné par Mira à la basse, Rata et Dadami à la guitare, Koko Ralibera aux percussions et Rasta, deuxième chanteur. Et comme ce Kougar est du genre boulimique de travail, il confesse  la sortie imminente d’un nouvel opus intitulé  Roots’Stock, pot-pourri des 50 morceaux qu’il a écrits depuis 2011 !  «  Chanteur, c’est un #métier à temps plein. Je suis confiant dans ce que je peux faire et de ma valeur en tant qu’#artiste. Je fais de la musique pour laisser une trace, je ne fais pas dans l’éphémère. » Une trace de griffe, sans doute…

Aina Zo Raberanto

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