Kapa pneu : Et ça marche !
2 février 2016 - MétiersNo Comment   //   3766 Views   //   N°: 73

Les pneus ne servent pas qu’à équiper les voitures. Ils se transforment également en sandales, confortables, solides, abordables et écologiques. Hanitra fabrique des « kapa pneu » depuis 20 ans à Anosibe. A 40 ans, elle n’est pas prête de s’arrêter… 

Le recyclage est un mode de vie et souvent une nécessité pour les Malgaches. Ainsi du business des kapa pneu ou kapa fingotra, ces sandales en caoutchouc qu’on fabrique du côté du marché d’Anosibe. Un métier qu’Hanitra exerce en famille depuis vingt ans. Pas besoin d’atelier, elle occupe juste un bout de trottoir de 6 heures à 17 heures, entourée de bouts de caoutchouc prêts à être coupés, cloués ou collés.

Les kapa pneu sont fabriqués à Madagascar depuis les années Soixante. Ils sont réalisés essentiellement à partir de pneus de camion, étanches, résistants et faciles à travailler. « Un pneu de camion permet de réaliser huit paires de sandales. Le pneu est découpé en deux parties : d’une part, le caoutchouc utilisé pour les semelles et d’autre part, les chambres à air, très élastiques, qui constituent les brides. » explique Hanitra. 

La semelle est découpée selon la pointure voulue, à l’aide d’un couteau bien aiguisé qu’elle trempe parfois dans de l’eau pour éviter qu’il ne colle ; Hanitra réalise ensuite des entailles des deux côtés de la semelle pour faire entrer les brides. Quelques clous de tapissier et un peu de colle, et la sandale est prête à parcourir des kilomètres. 

En une journée, elle en fabrique une trentaine selon les commandes, vendues entre 2 500 et 3 000 Ar la paire quel que soit le modèle. « Une paire, on peut la fabriquer en quelques minutes. Si vous achetez en gros, vous pouvez les récupérer le lendemain. Nous réalisons aussi des sandales avec des brides colorées à 4 000 Ar. » Les kapa pneu sont prisées dans toute l’Île, des gens des Provinces font même le déplacement pour s’en procurer. Soleil, pluie, boue… elles résistent à tout et n’ont pas besoin d’entretien spécifique. Un lavage à l’eau suffit ! D’une durée de vie de cinq ans, elles peuvent facilement concurrencer les produits chinois qui, il faut bien le dire, ne sont pas aussi solides. « Nos clients viennent surtout de la campagne. Des tireurs de charrette ou de pousse-pousse pour beaucoup, mais des étrangers peuvent aussi nous en commander. L’année dernière, un vazaha est venu m’en acheter plusieurs paires qu’il a revendues dans son pays. » Diversifier ses produits, Hanitra y a déjà pensé en réalisant également des sacs, mais cela n’a pas duré car c’est un business qui exige beaucoup plus de travail. Bref, on fait ce qu’on pneu… 
 

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