Ils font bouger les lignes
26 octobre 2017 - In & OutNo Comment   //   2029 Views   //   N°: 93

Sylph : Autant en emporte le vent

Sylph, l’esprit mythologique du vent, a inspiré Fetra Ravalison et Sanda Rakotomianina, car tel est bien le nom de leur société. Deux mélomanes qui ont décidé de fabriquer des casques audio à caissons en bois de rose, d’ébène et de palissandre. « Le concept existe déjà chez Audio-Technica ou Grado mais le prix des casques peut atteindre jusqu’à 2,8 millions ariary. Notre objectif est de fournir le marché mondial de casques d’une bonne qualité acoustique à partir de 880 000 ariary. C’est un marché de 27 000 milliards d’ariary, autant dire une bonne affaire ! » A noter que 300 à 500 grammes de bois suffisent à produire un casque. « Comme ces bois précieux sont règlementés, nous avons recours à des solutions alternatives. Pour le bois de rose, par exemple, nous allons négocier pour acheter un tronc de bois saisi ou récupérer des chutes dans les grandes entreprises ou chez les petits artisans. »

Pour la première série, elles prévoient de produire 250 casques et d’avoir leur propre pépinière. Et comme dirait Sylph, autant en emporte le vent !

Ecobrik : Ça casse des briques !

En créant Ecobrik, Fanilo Ratefinjanahary a combiné deux passions, l’entrepreneuriat et la construction. Ce jeune entrepreneur de 20 ans, diplômé en génie civil, a eu la brillante idée de créer une start-up spécialisée dans la fabrication de briques non cuites, autobloquantes et antisismiques (s’il vous plaît) en valorisant uniquement notre bonne et chère latérite rouge. Cette matière première est encore très peu exploitée alors qu’on la trouve en abondance sur les hautes terres centrales. « Mon objectif à la base est de créer de l’emploi et donner un coup de pouce à l’économie locale. Sans oublier la protection de l’environnement », explique-t-il.

En dehors du fait que ces briques ne soient jamais cuites, l’absence de ciment et de mortier lors de leur utilisation réduit d’autant l’émission de l’immonde CO², responsable de l’effet de serre comme chacun sait. Pour la production et l’approvisionnement en matières premières,

Ecobrik mise sur la « haute intensité de main-d’oeuvre », autrement dit les bras courageux qui ne manquent pas sur le marché du travail. « Toute la production se fait à la main. C’est seulement pour le transport de la latérite que nous avons recours à des charrettes. »

Pour aller plus avant dans son projet, Fanilo Ratefinjanahary prépare une campagne de crowdfunding sur la plate-forme financeensemble.org rattachée à Ulule, le premier site de financement participatif en Europe. L’important n’est-il pas de participer ?

Biotech Madagascar : L’affaire est dans le sac

Pour Andréa Lalatiana Rasamoelina, Louva Mirana Rajaonarivelo, Finaritra Randrianirinaharisoa et Christina Rafalimanana, l’aventure a débuté en remportant en janvier 2016 le premier prix au concours Leadership Program de l’ONG Youth First Madagascar avec leur projet Biotech Madagascar. De là, elles ont décidé de concrétiser le projet en créant leur propre entreprise de production de sacs biodégradables fabriqués à base de maïs. « La plupart des entreprises de recyclage utilisent du manioc pour fabriquer leurs sacs. Ce qui fait notre particularité c’est que nous avons choisi de valoriser le maïs car c’est un produit encore très peu exploité », explique Andréa Lalatiana, cofondatrice de la société.

Avec Biotech Madagascar, nos drôles de dames veulent œuvrer pour la protection de l’environnement et favoriser la création d’emplois.

Elles travaillent actuellement avec des agriculteurs pour s’approvisionner en matières premières et donnent des formations aux jeunes filles issues des milieux défavorisés pour les intégrer dans leur entreprise. Sur le plan écologique, l’utilisation des sacs biodégradables est, selon elles, des plus avantageuses. « Quand ils sont en phase de décomposition, ils peuvent servir d’engrais et de compost », fait valoir Louva Mirana Rajaonarivelo. Des arguments qui devraient convaincre même les plus sceptiques !

Prospérin Tsialonina : « Donner les moyens aux start-up »

A l’heure où la tendance start-up crée la discorde entre les acteurs sur les réseaux sociaux, le spécialiste en entreprenariat Prospérin Tsialonina n’a pas renoncé à son projet 100startups.co lancé en août dernier. « Il s’agit d’un projet de financement participatif et solidaire de 100 start-up.

Etant donné que le financement demeure un des obstacles des jeunes entrepreneurs d’aujourd’hui, ce projet souhaite leur donner un fond de départ de 2 000 euros (7 millions d’ariary) chacun. Cela leur permettra de développer les idées et faire des prototypes. »

Prospérin Tsialonina persiste qu’on pourra faire de Madagascar un pays de start-up. « Notre démarche est juste un moyen parmi d’autres de créer de l’emploi et de la valeur ajoutée. Même si le taux de réussite des start-up est de 1 sur 10 au niveau mondial, le seul moyen de savoir si cela va marcher ou pas à Madagascar, c’est d’essayer. L’objectif est de faire émerger les idées originales et innovantes pour qu’elles deviennent un jour les entreprises les plus florissantes de Madagascar voire d’ailleurs. » Prospérin Tsialonina et son équipe ont récolté jusqu’ici 5 000 euros (17 millions d’ariary) et prévoient de mettre en place le premier appel à projet.

Pages réalisées par #MioraRandriamboavonjy et #PriscaRananjarison

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