Igname : J’ai la patate !
Les paysans la désignent communément sous le nom de patate.
Il s’agit de l’igname de la grande famille des Dioscoreacées.
Ce tubercule riche en sucre et en protide reste vital dans bien des régions, surtout en période de soudure.
Il faut vraiment chercher loin, ou plutôt profondément dans l’histoire de la prime immigration indonésienne à Madagascar, pour connaître l’origine de cette plante à tubercule qu’est l’igname, communément appelée patate dans la Grande Île.
En effet, le mot malgache ovy qui désigne cette plante pourrait découler de l’altération des appellations indonésiennes de deux espèces asiatiques dénommées Uwi (Dioscorea alata) et Ubi (Dioscorea esculenta).
Quant aux espèces endémiques qui poussent dans les forêts, elles ont pris tout naturellement le nom d’oviala (ala signifiant forêt).
La famille des Dioscoreacea compte environ 600 espèces.
Ces dernières poussent dans les régions tropicales, subtropicales et tempérées, mais seules les Dioscoreacea au tubercule comestible sont appelées ignames.
On les retrouve dans quantité d’adages, proverbes et autres dictons malgaches. Dans le Menabe, les Sakalava disent Faly sahirana hoatry ny mpiady ovy (heureux mais embarrassé comme celui qui déterre un Dioscorea maciba), car le tubercule de cette espèce s’enfonce dans les sols durs.
Les paysans doivent creuser profondément pour extraire cette racine riche en amidon et en sucre, qui est ensuite cuite selon une préparation culinaire ancestrale, avec de l’eau bouillante ou nature.
En toute saison, les ignames constituent une sécurité alimentaire pour les populations.
Des recherches les concernant sont en cours dans les Universités de Madagascar et des actions de conservation sont parallèlement menées, comme celle conduite par Missouri Botanical Garden à Oronjia pour l’espèce Dioscorea orangeana, une espèce endémique locale.
À ne pas confondre toutefois avec ce proche parent de l’oviala qu’est la pomme de terre.
À force de voir cette dernière sur les étals des marchés, on a souvent tendance à la considérer comme « faisant partie des meubles ».
Des régions comme Anivorano (Diana) commencent à la cultiver et la région de Vakinankaratra est une grande productrice de cette plante à féculent capable de répondre aux besoins en nourriture de toute l’île.
Conserver les espèces d’oviala tout en développant la culture de la pomme de terre, voilà un programme qui devrait mettre tout le monde d’accord.
Ce qui s’appelle traiter le problème par la… racine.
#HansRajaonera
(Missouri Botanical Garden)
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