Holothuries : Une tuerie !
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Toby et son précieux concombre de mer pêché à plus de 18 mètres de fond. Inexpérimenté, le jeune plongeur a dû repousser ses limites pour faire face à une forte houle.
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Saidy, 35 ans, a commencé à plonger à 16 ans et pêche les holothuries depuis 2001.
Sur une pirogue noire, Saidy arrête de ramer. Son assistant doit faire une plongée de contrôle. La visibilité dans l’eau varie de jour en jour en raison des sédiments, et cela rend la pêche aléatoire. Mijibika ou maniriky (plonger en apnée) pour saisir les poissons, les homards et les coquillages est une tradition et le seul moyen pour gagner sa vie dans la majorité des villages sur la côte ouest de Madagascar. Au début de ce millénaire, la baisse des prises et la forte demande pour les concombres de mer (aussi appelés holothuries, trépangs, viers marin ou bêches-de-mer) ont provoqué un grand bouleversement chez les plongeurs.
La plupart des espèces, dont les dinga dinga et zanga, vivent sur des lits de sable à une profondeur de 20 cm à 25 mètres, se nourrissent de sédiments et jouent un rôle écologique essentiel pour maintenir propre l’eau de mer. Il est facile de repérer et de pêcher ces créatures sans défense et le prix de revente au kilogramme met en forte concurrence les exploiteurs. Selon les espèces et la qualité du produit final, qui est salé et séché, le prix varie de 20 000 à 350 000 Ar le kilo, et est exclusivement exporté vers les marchés asiatiques.
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Un éleveur examine le stock d’holothuries génitrices. Les enclos marins accumulent trop d’algues et doivent être nettoyés régulièrement afin d’assurer une bonne santé du stock. Des gardes, armés d’une fronde, sont là pour dissuader les voleurs.
Au cours des dernières décennies, une augmentation significative de la demande de concombres de mer a conduit à une accélération de l’exploitation entraînant une raréfaction de la population dans de nombreux pays producteurs. Le volume de pêche a diminué au cours des dix dernières années et les pêcheurs ont indiqué qu’ils sont obligés de capturer des espèces plus petites ou des individus plus jeunes et n’ayant pas eu le temps de se reproduire.
Au milieu des années 80, la production annuelle d’holothuries de Madagascar montait en flèche, mais entre 1994 et 1995 elle a chuté de plus de 90 %. Dans une tentative de poursuivre l’approvisionnement et de réduire les dégâts environnementaux et sociaux, plusieurs enclos marins bordent la côte ouest.
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Mizella, éleveuse de concombre de mer, introduit de jeunes individus de 20 grammes dans les enclos. On les recouvre ensuite d’un filet, pour barrer la route aux prédateurs.
Ceux-ci sont le résultat d’un travail collaboratif entre l’Institut halieutique et des sciences marines, de nombreux bailleurs de fonds, une société privée, les comités et les agriculteurs locaux issus des ONG. Les conditions sont prometteuses, mais encore loin d’être idéales en raison des conflits entre les pêcheurs, les désaccords entre fournisseurs et exportateurs, et le manque de surveillance du Ministère des pêches.
Pour Saidy, les prises d’aujourd’hui sont inférieures à celles d’hier. Pendant trois heures, trois plongeurs ont battu la surface pour remonter seulement quatre concombres de mer de 300 g chacun, qui laissés en liberté auraient pu atteindre 1,5 kg.
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La nuit, les holothuries sortent de leurs cachettes. Dans le noir, les éleveurs et les plongeurs sont équipés de torches pour s’enfoncer dans les eaux profondes.
Photos et textes : #ToniHaddad
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