Hil Chaffre
2 septembre 2014 - MusiquesNo Comment   //   1893 Views   //   N°: 56

Le voisin d’à côté

En juillet, la formation composée du musicien et chanteur réunionnais Hil Chaffre et du valihiste malgache Zamba a sorti un premier opus intitulé « La là la ». Un album ni tout à fait bà-gasy ni tout à fait maloya, ou un peu des deux à la fois. Vous avez dit transîlien ?

Pourquoi cette collaboration avec Zamba ?

Cela fait longtemps que j’avais envie d’intégrer la valiha, cet instrument typiquement malgache, dans ma musique. Je suis venu dans la Grande Île, il y a quatre ans, précisément pour rencontrer Rajery, l’icône de la valiha. Manque de bol, on n’a pas pu se voir, il n’était pas au pays. Sur ce, le hasard a fait que je croise le chemin d’un autre valihiste tout aussi renommé, à savoir Zamba. On ne se connaissait pas du tout à l’époque. On s’est parlé une heure, puis on est allés à son studio et en un après-midi on avait bouclé quelques morceaux originaux, enregistrés sur dictaphone. À mon retour, j’ai tout fait écouter à un producteur et tout de suite il a été emballé.

Et « La là la » est né…

Dès notre rencontre, on a su qu’on ferait de belles choses ensemble. Et cela n’a pas tardé avec ces 15 titres entièrement enregistrés en studio nomade. Certains ont été faits dans des chambres d’hôtel durant nos voyages, d’autres dans les salles de classe d’un orphelinat de Malaza où nous avons passé quelque temps, etc. Nous avions des micros, nos instruments de musique, un ordinateur portable, et c’est tout. Ce qui ne veut dire que l’album est de mauvaise qualité ou bâclé, pas du tout même ! En l’écoutant, il est impossible, même pour un professionnel, de se rendre compte que ce n’est pas un produit de studio, l’acoustique est parfaite.

Un album assez inclassable…

Ce n’est ni de la musique malgache, ni réunionnaise et pas non plus la fusion des deux ! Cela peut tirer sur du bà-gasy ou du maloya, car ce sont nos cultures respectives, mais vraiment ça va au-delà. J’ai envie de dire que c’est la musique roots de cette partie de l’océan Indien. Malgré la barrière de la langue, il y a beaucoup de correspondances entre les cultures de Madagascar et celles de la Réunion. C’est pour ça que Zamba et moi on s’est trouvé tout de suite. L’osmose entre nous a été aussi naturelle que de chanter la là la. la-la-la c’est universel, tout le monde peut le chanter, qu’on soit Français, Malgache ou Chinois. C’est aussi l’esprit de cet album.

La formation est appelée à durer ?

Ce qui est certain, c’est que nous avons de la matière pour au moins trois albums. Pour La là la, on a dû se limiter à 15 chansons, et cela a été un véritable crève-cœur de les choisir car il en reste de tout aussi belles qui n’ont pas été retenues. J’ai sillonné la Grande Île pendant quatre ans, et j’ai beaucoup écrit et composé durant ce périple. Mais il faut être réaliste, avant de penser au prochain, il faut voir comment celui-ci sera reçu par le public malgache et réunionnais.

Propos recueillis par #SolofoRanaivo

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