Hermann Fickinger : « Coopérer pour l’environnement »
13 août 2015 - NatureNo Comment   //   2760 Views   //   N°: 67

L’Allemagne, à travers la GIZ (Gesellshaft für Internationale Zusammenarbeit), son agence de coopération internationale, compte investir pas moins de 12 millions d’euros en deux ans pour le développement du charbon vert à Madagascar et la revalorisation du secteur minier artisanal. Hermann Fickinger, coordonnateur de la GIZ, nous en explique les enjeux. 

L’Allemagne reste présente sur les grands projets environnementaux à Madagascar…
Le Programme germano-malgache pour l’environnement (PGM-E) a pris fin en décembre dernier. Il est remplacé depuis janvier par le Programme d’appui à la gestion de l’environnement (Page). Ce programme de 12 millions d’euros, étalé sur deux ans minimum, est destiné à continuer les actions initiées par le PGM-E, toujours sous le contrôle de la Coopération allemande. Il s’agit notamment de la valorisation durable des ressources naturelles dans les aires protégées et leurs alentours. Nous voulons arriver rapidement à un transfert de compétences avec les communautés locales dans la gestion de ces ressources. Par exemple, pour la filière miel, nous allons prodiguer des appuis aux communautés de base depuis la production jusqu’à la vente, en passant par le conditionnement et le stockage des produits.
 

Le PGM-E a favorisé de grandes campagnes de reboisement. Est-ce toujours d’actualité ?
Plus que jamais. Grâce au PGM-E, nous avons actuellement 10 000 hectares de forêts de reboisement à notre disposition. Nous continuons en particulier à mettre l’accent sur les eucalyptus, qui sont des espèces à croissance rapide, faciles à entretenir et très appréciées dans le charbonnage. Car tout cela est d’abord destiné à développer à court terme la production de charbon vert qui s’avère plus respectueux de l’environnement, plus économique à l’achat et plus rentable pour les charbonniers. Le procédé, amélioré par nos techniciens, garantit une augmentation de 30 % de la productivité par rapport aux procédés habituels.

Comment allez-vous faire pour imposer le charbon vert ?
Nous allons former les producteurs de charbon à cette technique, surtout les femmes qui constituent un des piliers de la filière. Nous leur apporterons un appui en termes de comptabilité et de marketing car nous avons l’intention de labéliser ce produit, de travailler davantage son image de marque. Il est par exemple conditionné dans des sacs portant des logos et la trace géographique de sa provenance. C’est plus accrocheur pour l’oeil, mais aussi plus efficace car chaque sac contient exactement la même quantité de charbon. Ainsi, la ménagère sait exactement ce qu’elle doit payer, elle ne dépend plus de la pesée fantaisiste des revendeurs.

D’autres nouveautés ?
Nous voulons également redynamiser le secteur des mines artisanales à Madagascar, notamment au sud-ouest, dans les régions Diana et Atsimo Andrefana, qui seront nos pilotes. C’est une activité qui fait travailler beaucoup de gens mais qui ne rapporte pas assez pour en vivre convenablement. Ce qu’il faut dans un premier temps, c’est formaliser ce secteur car la majorité des produits miniers s’écoulent aujourd’hui au marché noir et cela ne profite pas aux petits producteurs. Nous allons également appuyer l’État, par le biais du ministère de l’Environnement, dans l’élaboration d’une nouvelle politique environnementale car nous savons que les textes à Madagascar sont largement dépassés. En travaillant de pair avec les techniciens malgaches, nous allons proposer une nouvelle loi qui sera plus à même de répondre à l’évolution à l’internationale.

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