Helvetas Madagascar : Tout le monde il est bio !
9 janvier 2015 - ÉcoNo Comment   //   4055 Views   //   N°: 60

Le coton biologique, produit et transformé à Madagascar, est déjà une réalité. Franck Merceron, conseiller en économie locale pour l’ONG Helvetas Swiss Intercooperation Madagascar, défend ce projet opérationnel depuis le début de l’année. Un pari sur l’avenir. 

La culture à grande échelle du coton est l’une des plus voraces en pesticides : on considère que pour produire un kilo de cette plante, une quinzaine de traitements chimiques sont nécessaires par an. Cette culture est ainsi consommatrice de plus de 20 % des insecticides utilisés dans le monde pour seulement 2, 5% des terrains agricoles ! Autant de mauvais signaux qui plaident en faveur de la mise en culture du coton biologique à l’impact nettement moins dévastateur. 

Tel est l’objectif de l’ONG Helvetas Swiss Intercooperation Madagascar au sein de laquelle Franck Merceron oeuvre en tant que chef de projet résident (composantes A&B, C) « Nous faisons la 

promotion du coton bio depuis une quinzaine d’années en Afrique de l’Ouest et en Asie centrale. Helvetas en est venu à s’intéresser à Madagascar lors d’un appel d’offre lancé par WCS (Wildlife Conservation Society) dans le cadre d’un financement géré par la Banque mondiale pour le lancement de la production de coton bio dans le Sud-Ouest, entre Toliara et Morombe. On a semé le coton début 2014 et la récolte s’est faite en juillet. » Le coton récolté a été certifié selon les normes internationales biologiques par Ecocert, l’un des nombreux labels permettant de certifier les textiles bio.  

Tout coton biologique récolté à Madagascar est destiné à être transformé sur place. « Alors que souvent dans les autres pays, la fibre brute est exportée faute d’industries de transformation, ici toute la chaîne sera bientôt installée sur place : depuis l’égrenage (séparation des graines du coton et de la fibre), jusqu’à la filature, le tissage, la confection, la sérigraphie. Six ou sept entreprises malgaches sont impliquées dans ce projet. » Avec les années, Helvetas Swiss Intercooperation espère qu’il y aura assez de coton produit pour que les coûts soient compétitifs face à la concurrence internationale. « On a en face de nous des pays comme la Chine, l’Inde ou le Pakistan qui soutiennent leurs producteurs, leurs industries textiles et leurs exportations et qui fournissent près de 15 000 tonnes de fils conventionnels aux entreprises des zones franches. Le secteur textile à Madagascar a contribué à créer des dizaines de milliers d’emploi à Madagascar. »

Le prix de revient de la matière première pour un T-shirt ou un pull est seulement de 40 à 50 cents de dollar, ce qui rend le projet de développement de toute une chaîne de valeur certifié GOTS (Global Organic Textile Standards) des plus viables, compte tenu que ces mêmes vêtements seront vendus entre 10 à 20 dollars sur le marché national ou international. Helvetas Swiss Intercooperation entend utiliser une partie de la production pour la fabrication de pulls haut de gamme produits par l’entreprise Ultramaille; une autre partie portera sur des T-shirts de la marque Maki qui devraient sortir au premier semestre 2015. Malgré les difficultés – la zone entre Toliara et Morombe est difficile d’accès et des procédures administratives compliquées -, Franck Merceron est enthousiaste. « L’égrenage du coton est en cours. La filature sera confiée à la Somacou (Société malgache de couvertures) qui fournira le fil pour les pulls et pour les t-shirts Maki. La deuxième campagne, prévue en 2015, est également en préparation, dans le Sud-Ouest avec le concours d’entreprises comme Bionexx et Mam’Agri. »
Pour arriver à maturité, le projet devra porter sur un volume bien supérieur de coton bio, et donc toucher encore davantage de producteurs. « Durables et respectueux de l’environnement, ce sont des textiles qui n’ont pas fait trois fois le tour de la terre avant d’arriver en magasin, style produits en Afrique, transformés en Inde, filés en Chine et vendus aux Etats-Unis. Je ne doute pas que les grandes marques soient sensibles à cette plus-value écologique. » 
 

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