Hanitra et Tiana : C’est cadeau !
5 janvier 2016 - Cousins-cousines DiasporaNo Comment   //   3059 Views   //   N°: 72

Si les années peuvent passer à La Réunion sans voir un seul album de la diaspora malgache sortir dans les bacs, la fin de l’année 2015 nous gâte. Deux pointures, deux albums très attendus… et une interview croisée ! 

Hanitra, pourquoi un album qui rend hommage à Lhasa de Sela ?
Lhasa de Sela est une chanteuse que j’aime beaucoup et sa fin prématurée m’a profondément peinée. J’ai eu envie de la faire revivre à travers une de mes chansons. Emotionnellement, le titre Lasa a été le plus difficile à écrire et à chanter… C’est à partir de cette chanson que j’ai décidé de faire un album consacré essentiellement aux femmes. J’y parle de la rébellion mentale des femmes au foyer qui ont envie de s’extirper des charges familiales, de la condition féminine en général… des femmes battues, des femmes victimes d’homophobie…  

Tiana, 20 ans de scène, cela méritait un album !
Ce n’est pas une compilation. Je reprends juste le début de deux chansons traditionnelles Soamiditra et Ravorotsiloza, avec pour volonté la transmission du patrimoine culturel malgache. Le titre de l’album Ampela reflète les tendances musicales de mon île natale et de l’île de ma carrière musicale. Il y a donc du salegy et du sega, le tout à ma sauce ! J’y parle de la réalité sociale d’aujourd’hui : le chômage, la génération « geek » (Click droit), mais aussi de ces gens qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas ! Au Péi du « ladilafé », je pense que ça mérite d’être chanté, c’est le texte de Takadansé !

Hanitra, la world music contribue-t-elle à sauver la planète ?
Il est vrai que beaucoup d’artistes classés dans cette catégorie sont engagés dans la protection de l’environnement, ils vivent eux-mêmes très souvent dans des pays avec un environnement dégradé. Dans la chanson Mivalo, je parle d’un des grands fléaux de Madagascar, la déforestation abusive, notamment la coupe et la vente du bois de rose.  Un trafic de bois précieux de Madagascar vers les Etats-Unis avait déjà été dénoncé par une chanteuse malgache. Cela a eu de très fortes répercussions, puisqu’une célèbre marque de guitare incriminée a plaidé coupable devant les tribunaux. Elle a payé une forte amende et n’utilise plus désormais d’ébène de Madagascar.

Tiana, quelle évolution musicale dans ce sixième album ?
L’album se veut festif contrairement au précédent Ibesafira (2008) qui s’orientait plus vers la world music. Pourquoi festif ? Tout simplement parce que malgré beaucoup de combats au niveau de ma santé et de ma survie musicale, je suis arrivée à mes 20 ans de scène. J’ai vécu pas mal d’expériences, des échanges, des voyages, des rencontres, et tout cela a  contribué à mon épanouissement en tant qu’artiste.

Tiana, « takadansé », 2015, production Jbemizik. Hanitra, « Lasa », 2015, production Jean-Marc Bontemps. 

Propos recueillis par #JulienCatalan 

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