Gilles Lejamble : « Un véritable marché aux artistes »
12 mars 2013 - Cultures MédiasNo Comment   //   1816 Views   //   N°: 38

Quand des producteurs étrangers rencontrent les artistes malgaches, cela peut déboucher sur des contrats et des carrières à l’international. Tel est l’objectif des trois soirées « Madagascar voyage au coeur de la musique », comme l’explique le responsable de Libertalia Music-Records.

Avec « Madagascar voyage au coeur de la musique », c’est un peu le « mercato malgache » qui ouvre ses portes les 7, 8 et 9 mars à la Gare de Soarano…
C’est à la fois un festival de musique étalé sur trois jours et un véritable marché aux artistes. Douze professionnels du show-biz venus spécialement de France et de La Réunion (journalistes, producteurs, directeurs de festival et tourneurs) y assisteront pour trouver des groupes à faire tourner en Europe. C’est ce qu’on appelle dans le jargon des prescripteurs. Pour cette première édition, le choix

de la maison de production Libertalia Music-Records s’est porté sur neuf artistes : Silo, Baba, Mafonjah, Joël Rabesolo, Thominot Hazolahy, Mika et Davis, Arson Vonjy, Tsiliva et Teta. Pour eux, ce peut être le début d’une vraie carrière internationale. À Madagascar, la créativité des musiciens est immense mais la consommation en produits culturels est très faible, n’aboutissant que très rarement à des succès commerciaux. Et je ne parle même pas du problème du piratage. Avec le marché européen, on accède à une tout autre demande, à un tout autre volume, et cela peut vraiment changer la donne.

Être une star locale signifie-t-il qu’on peut devenir une star internationale ?
Non et c’est bien pour cela qu’il faut le regard sélectif de professionnels avant d’envoyer ces artistes se mesurer au marché européen (je parle bien de marché européen, pas du cercle restreint de la diaspora en Europe). Ce n’est pas parce que tel artiste malgache attire 2 000 spectateurs à chacun de ses concerts qu’il fera la même chose à l’étranger. Le public malgache est bon enfant, il applaudit toujours même si l’arrangement, le son et la lumière sont pourris. Il applaudit même si l’artiste arrive avec deux heures de retard. À l’étranger tout cela est impensable. On ne vous jette pas de tomates, simplement on ne vient plus à vos concerts si vous décevez une fois. Tout cela implique énormément de rigueur.

Comment atteindre ce professionnalisme ?
D’abord, ces neuf artistes ont été choisis sur la base de leur sérieux et de leur persévérance, en plus de leur talent. Et depuis six mois, toute l’équipe technique travaille dur pour les préparer à ces trois soirées. Il faut que les prescripteurs soient convaincus qu’il y a de vrais professionnels de la scène à Madagascar si on espère les voir revenir l’année prochaine. Pour cela, on a fait énormément de formation. Yves Chaulet, ingénieur lumière au Théâtre Marigny à Paris, a encadré un stage pratique de création lumière. Silo, directeur artistique de l’événement, a accompagné chaque groupe dans le réarrangement de leurs morceaux. Christophe David, producteur et tourneur à la Réunion, est aussi de la partie. Sans parler de Lova Rasamimanana de Kanto Productions, à l’origine des concerts à l’Olympia de Mahaleo et de Jaojoby, entre autres, qui assure l’organisation des soirées. Trois soirées qui peuvent changer le destin de la musique malgache.

 

Propos recueillis par #SolofoRanaivo

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