Fourmis Dracula à Madagascar
Les Dracula sont parmi nous !
En février dernier, une équipe de chercheurs de l’Académie des sciences de Californie a annoncé la découverte de six nouvelles espèces de fourmis Dracula à Madagascar et dans les îles environnantes. Si leur cannibalisme est avéré, ce n’est là leur seul mystère…
Quand on cherche, on trouve. La preuve, après une traque laborieuse de près de 20 ans à Madagascar et dans les îles environnantes, des entomologistes de l’Académie des sciences de Californie ont enfin pu répertorier sur six nouvelles espèces de fourmis Dracula du genre Mystrium. Non, ce n’est pas un mauvais scénario de films d’épouvante… Les Dracula sont appelées ainsi en raison des moeurs étranges des adultes qui éventrent leurs larves pour se nourrir. Ce que l’on appelle le « cannibalisme non destructif » car les larves en question, loin de mourir de la morsure, poursuivent normalement leur développement.
Mais le plus mystérieux, en ce qui concerne les Mystrium, réside dans leur organisation sociale. A l’inverse des autres groupes où chaque individu a un rôle préétabli dans la colonie, chez eux une ouvrière peut tout à fait devenir une reine. Difficulté supplémentaire, l’apparence de cette dernière peut largement différer d’une colonie à une autre : ici avec de courtes ailes, là sans ailes, ce qui rend toute tentative de classification extrêmement compliquée au sein de ce groupe, découvert à Madagascar il y a à peine deux décennies. « Le genre Mystrium est le groupe le plus mystérieux parmi l’étrange sous-famille des fourmis Dracula », confirme Masashi Yoshimura, l’un des scientifiques à l’origine de la découverte.
C’est pour résoudre le mystère des Mystrium, que l’équipe menée par l’entomologiste Brian Fischer a écrémé la Grande Ile de long en large et mis au point une nouvelle méthode permettant de distinguer au sein du groupe les différentes espèces. Les chercheurs sont ainsi parvenus à identifier six nouvelles espèces, ce qui porte à dix le nombre des espèces de Madagascar. Trois d’entre elles ont été baptisées Mystrium labyrinth, Mystrium mirror, et Mystrium shadow, comme pour mieux marquer la part d’ombre qui les entoure.
Si l’équipe américaine est à Madagascar depuis vingt ans, le département d’entomologie de l’Université d’Antananarivo déplore de ne pas avoir y de représentants, à part quelques étudiants qui suivent des stages. « Il y a encore beaucoup de choses à découvrir chez nous, que ce soit dans le domaine de l’archéologie, de la biologie ou de l’entomologie. Malheureusement, ce sont toujours les étrangers qui s’y intéressent les premiers. Ce n’est pas seulement à cause des moyens financiers, parfois aussi la volonté n’est pas là », confiait à no comment en juin 2013 le Dr Armand Rasoarimanana, lors de la découverte des os de Dahalokely tokana, un dinosaure de 90 millions d’années découvert près d’Antsiranana.
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