Firoza Houssen : Des maux d’elles
1 mars 2016 - CulturesNo Comment   //   2135 Views   //   N°: 74

Son nouveau court-métrage, Maux d’elles, en dit long sur l’activisme de cette réalisatrice de 23 ans. Les femmes étant à Madagascar considérées inaptes à la réalisation technique d’un film. Firoza Zahir-Houssen, une des rares réalisatrices du pays, veut prouver le contraire. 

« En tant que réalisatrice, mon art comprend une sensibilité féminine, un regard qui parfois est sousestimé ou mal compris. » Firoza Zahir-Houssen estime que les femmes présentent encore beaucoup de faiblesses face à la dominance des hommes dans le milieu cinématographique, sur le plan technique comme le montage, le son ou le mixage, mais surtout dans la capacité de diriger une équipe de tournage. Avec Maux d’elles, court-métrage de 17 minutes qui sera en compétition aux 11es Rencontres du film court en avril prochain, et où elle dénonce l’exclusion systématique des femmes malgaches, elle se lance le défi de prouver qu’une femme a son mot à dire dans le domaine du cinéma. Attendons de voir…

Sa marque de fabrique ? « On peut trouver beaucoup de poésie dans les courts-métrages de Firoza Zahir-Houssen », confie Colin Dupré, coordinateur des Rencontres. Son premier court-métrage Tetirano (eau des larmes), une fiction de neuf minutes, surpasse légèrement les clichés des films qui traitent de la pauvreté à Madagascar. Toutefois c’est une fiction qui a le mérite de figurer dans le sillon des films réalistes à la Gabrielle Muccino. « J’ai voulu partager à travers ce film comment un petit garçon de huit ans voit les choses aujourd’hui à Madagascar. Vivant avec sa grandmère, il fait tout pour améliorer son quotidien. Mais hélas la dure réalité de la vie n’offre pas toujours ce que l’on souhaite ». Tetirano a permis à la réalisatrice de gagner trois prix aux 10es Rencontres du film court : celui du meilleur acteur pour Razafindrakoto Maneva (le petit garçon de son court-métrage), le prix du jury jeune, et la mention spéciale du Jury.

Cette dernière lui a ouvert les portes de l’école de cinéma Art-on-the-run à Berlin où elle a suivi une formation en réalisation, l’an dernier, d’août à novembre. « J’étais très impressionnée du professionnalisme de leur milieu cinématographique. Un jour, sur un plateau de tournage d’environ 100 personnes, il y avait de la fumée qui sortait d’une prise de la cabine de son. Personne n’a réagi puisque c’était formellement interdit de toucher au travail des autres. C’était hallucinant ! » Firoza Zahir-Houssen l’a bien compris : « à Berlin, ils sont conscients de l’importance de chaque corps de métier et se donnent les moyens d’engager du personnel. Ici à Madagascar, un réalisateur fait lui-même office d’acteur, de monteur, de cadreur et même parfois de coursier ! » Un secteur où tout est à recadrer…

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