Filip Auchère : Il construit des marionnettes
2 juillet 2014 - Non classéNo Comment   //   3383 Views   //   N°: 54

Comédien vivant en France, il a débarqué à Madagascar en 2008 pour renouer avec ses racines, mais aussi pour transmettre l’art de Guignol au travers de la compagnie Kel’Bazar. Un art de l’utopie pour enfants et adultes sans modération.  

Pourquoi Kel’Bazar ?
Le point de départ a été ma venue à Madagascar en 2008 à la recherche de mon père, car je suis né à Tana. J’étais accompagné de ma marionnette de Guignol que je sortais à chacune de mes conférences dans les Alliances françaises. J’ai remarqué que les marionnettes ne sont pas connues à Madagascar, voire inexistantes. Après un stage à Toamasina, nous avons décidé de créer la compagnie Bazar Kely qui est devenu Kel’Bazar pour promouvoir cet art dans toute la Grande Ile. Nous avons participé au festival Moisson d’Avril de Lyon, à Tam Tam et Tempo à La Réunion. Kel’Bazar a également représenté Madagascar lors du Festival mondial des théâtres de la marionnette à Charleville- Mézières, en France.

Justement, quelle est votre action à Madagascar ?
Depuis 2008, on travaille dans le cadre du projet Les Chantiers de la Marionnette dirigé par Stéphanie Lefort, directrice de Guignol de Lyon. Ce sont des rencontres d’artistes qui s’étalent sur quatre jours. Le premier jour, les auteurs écrivent sur un thème imposé avec des contraintes d’écritures. Le deuxième jour, ce sont les comédiens, les metteurs en scène, les plasticiens et les musiciens qui entrent en scène. Nous procédons à un système de tirage au sort pour créer les équipes et ces dernières ont deux jours et trois nuits pour monter le spectacle. Cette année, nous avons été ambitieux en nous associant au festival Zegny Zo de Diego. Nous avons fait une résidence de trois semaines avec des artistes de Belgique, de La Réunion et de la France Métropole, du Burkina Faso et de Madagascar. Nous allons également produire et faire tourner quatre spectacles à Madagascar, à La Réunion et en Europe.

Quel message véhiculez-vous dans vos spectacles ?
On est dans un registre plus adulte, on va dire, que le Guignol traditionnel. Pour stimuler la créativité, Stéphanie Lefort a lancé le thème de la ZUT pour Zone d’utopie temporaire. Les auteurs ont chacun un quartier à animer dans cette ZUT, ce peut être la Zone d’utopie pirate, la Zone d’utopie amoureuse, la Zone d’utopie métisse ou la Zone d’utopie végétale. Le but est de donner des pistes de travail et de pousser à écrire différemment. Par exemple, Eduardo, un comédien de Diego, a traité le rapport entre vazaha et filles malgaches, et cela a provoqué un vrai débat après le spectacle. Mais comme c’est de la marionnette, cela ne dépasse pas le cadre du jeu, le principal étant quand même de s’amuser.

La marionnette, un outil pédagogique ?
Elle peut-être un outil pédagogique pour le public comme elle peut aussi aider à former des acteurs. Les comédiens malgaches ont une grande envie d’apprendre et de pratiquer cet art. J’essaye de leur apprendre que la marionnette est aussi un outil qui fait voyager et qui permet de gagner sa vie en se faisant plaisir, ce qui n’est pas si mal ! Quoiqu’il en soit, nous allons continuer à tourner à travers Madagascar avec même un projet de festival international de la marionnette à Mahajanga. 

 

Filip Auchère : flipauchere@hotmail.com

Propos recueillis par Aina Zo Raberanto

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