Faithful World
21 mai 2012 - MédiasNo Comment   //   2811 Views   //   N°: 28

Si le marché international du jeu vidéo est un impressionnant Goliath, Faithful World peut faire figure de David. Un David qui n’a pas froid aux yeux en proposant « The Sling », jeu biblique 100 % gasy destiné à « addicter » les « gamers » du monde entier !

C’est l’histoire d’un jeune ingénieur malgache parti étudier le jeu vidéo en France, qui un jour se demande : « Est-ce que nous sommes capables d’en faire autant ? » Intimement, il en est persuadé. Inscrit à Supinfogame, la grande école de jeux vidéo de Valenciennes, il a remporté en 2009 les Imagina Awards du meilleur jeu, en coréalisant Alice en Pièces avec des camarades de promotion.

Lui, c’est Ny Andry Andriamanjato qu’on retrouve deux ans plus tard directeur général de Faithful World (groupe Sipromad) : première société malgache entièrement consacrée à la conception de jeux vidéo ! « Pas la première, rectifie-t-il. Groos que j’ai cofondé en 2008 est le premier studio de video game à avoir fonctionné Madagascar. Mais la structure n’était pas assez puissante au plan financier pour développer certain projet que nous avions en tête. »

Et quel projet ! Ni plus ni moins que The Sling (La Fronde), la version vidéoludique de l’histoire de David et Goliath ! Un jeu 100 % biblique avec effets spéciaux dignes de Starfox que Ny Andry Andriamanjato a bien l’intention de propulser sur le marché mondial. « C’est un jeu de tir (rail shooter) transposé dans un cadre futuriste, explique-t-il. David y pilote un avion appelé The Sling et Goliath est une sorte de machine de guerre-robot qui attaque aussi bien sur terre, sur mer que dans les airs ».

Le carton assuré ! « Développer un jeu vidéo à Madagascar revient de trois à cinq fois moins cher qu’ailleurs. C’est un avantage certain quand on sait que l’investissement moyen est de 15 à 20 millions de dollars. Le plus cher n’est d’ailleurs pas la technologie, mais les hommes », précise le concepteur.

Chez Faithful World la ressource humaine est bien là avec la vingtaine de collaborateurs qui travaillent depuis deux ans sur le projet. « Les programmeurs et infographistes malgaches peuvent largement produire des jeux de type XLA ou PSN. Mais la technique ne représente que 30 % du travail, le plus important, c’est la créativité », estime Ny Andry Andriamanjato.

Depuis la réalisation du mod (le prototype du jeu) jusqu’à son financement par un éditeur potentiel, la route est longue et parsemée d’embûches. Prévue à l’origine pour avril 2012, la finalisation de The Sling n’est plus assujettie à un agenda précis, Ny Andry aimant à citer cette maxime de Shigeru Miyamoto, le créateur de Super Mario : « Un jeu retardé sera peut-être bon un jour, un mauvais jeu sorti sera toujours mauvais ».

« The Sling est jouable et 70 % de l’habillage graphique est déjà réalisé », affirme-t-il toutefois, prévoyant dans un premier temps sa sortie sur PC et éventuellement pour téléphones sous Android et iOS. L’immense chantier de The Sling n’empêche pas qu’un minijeu se crée en interne tous les trois mois chez Faithful World. Autant pour se faire plaisir que pour garder la main.

L’un de ces jeux sera d’ailleurs en compétition dans le cadre d’un concours en ligne lancé par le magazine spécialisé Edge. La suite ? Des jeux bien sûr. De l’aventure avec Exodus, de la stratégie avec Water Tower, et pourquoi pas un concours pour trouver des visages malgaches destinés à incarner les futurs jeux estampillés Faithful World ? Après tout, l’essentiel n’est-il pas d’y croire ?

Joro Andrianasolo

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