El Dino : Les caballeros de l’afrodjentcore
8 mai 2019 - CulturesNo Comment   //   1415 Views   //   N°: 112

El Dino n’est pas le remake malgache des Gipsy Kings et autres espagnolades à castagnettes que son nom pourrait indiquer. Car ce combo survitaminé des hauts plateaux pratique autant le tatoo que le hardcore le plus échevelé. Sa spécialité ? L’afrodjentcore. Un truc à base de rock où tu peux mettre absolument tout ce que tu veux du moment que ça fait se retourner les nanas et hausser les épaules de Mamie.

El Dino c’est d’abord El Señor Dino en personne et au chant, mais aussi Yves et Tahina aux grattes, Tiavina à la basse et Arf (on se marre) à la batterie. Malgré son nom à faire du tango au bandonéon, ce combo tananarivien se réclame résolument du rock et a même mis au point un sous-genre appelé sans nul doute à un avenir planétaire : l’afrodjentcore. L’afro what ? L’afrodjentcore, mous du bulbe, faut vous faire un dessin ? Un mélange d’afro, de djent (heavy metal) et de core qui fait saigner les tympans. Une absence revendiquée de codes marque l’afrodjentcoriste dans ses oeuvres : « Composer, on le fait sans règles. Si la norme est de compter 1-2-3-4, on ne se privera pas de compter 1-6 » Et pour le danser, c’est pareil, pas de codes : déboule, pogote, tortille du cul, entortille des guiboles, déhanche dans tous les sens, explose le dancefloor, pas grave de toute façon on ne vous réinvitera plus !

Après avoir écumé un gros paquet de scènes depuis sa naissance en 2014, El Dino s’est retrouvé au Point d’Exclamation, le 6 avril dernier, dans le cadre du concert Elevator, histoire d’en faire savoir un peu plus sur l’afrodjentcore qui est par essence et par définition scénique : « On garde une grande place à l’improvisation, rien n’oblige à se calquer sur la version studio de nos morceaux, l’ambiance influence forcément la façon de jouer. »

Le groupe s’est formé dans les milieux underground de la capitale. « On s’est croisés à Antanimena, on aimait bien le rock alternatif ». Qu’ils saupoudrent d’influences Neo-métal (Dino en a été un des plus illustres représentants à Mada avec UXT), d’alternatif à la Deftones, de hardcore à la Madball et de djent badaboumesque façon Intervals. « On est tous différents mais on a un socle commun », reconnaît Dino. Tout ça illustré par un album que le groupe n’est pourtant pas pressé de sortir : « Ça sortira quand ça sortira, on n’a pas de planning, pas de maison de disque pour nous mettre la pression. » En même temps qu’une réelle liberté de ton, l’afrodjentcore revendique son intégrité artistique.

Bruitistes mais non nihilistes (erreur de bien des débutants), les Dino privilégient les thèmes Positive Mental Attitude avec précisément le titre PMA, ou Artitude ou encore Alice. Sans s’interdire des incursions vers des causes nobles comme les droits de l’enfant à travers le titre Share life, directement inspiré de l’association Zara Aina. Une démarche somme toute expérimentale, mais qui semble passer mieux aujourd’hui qu’hier à Mada, avec un public rock plus éduqué et des « zicos qui maîtrisent mieux leur son ». Seule chose à déplorer, le peu d’enthousiasme des producteurs à l’égard du rock malgache. C’est vrai qu’entre les fabricants de crottes Mainstream (pondues en toute liberté ?) et les caisses enregistreuses qui ne frétillent que pour la pop chloroforme, le rock d’ici n’est pas encore sorti de l’auberge. À moins que l’afrodjentcore ne vienne enfin donner un coup de pied dans la fourmilière ?

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